Villa Datris Mouvement et lumière

 

Mouvement et Lumière 2, Villa Datris, Isle-sur-la-Sorgue (84800)

Datris, c’est Danièle et Tristan, ce dernier nous ayant quittés, et une passion commune pour la sculpture en général, et pour certains mouvements qui auront marqué le dernier tiers du XXème siècle et bon nombre d’artistes encore aujourd’hui : essentiellement l’art cinétique (Pol Bury, Calos, Cruz-Diez…) et optique (Vasarely, Agam, Asis…).  La villa, c’est une grande demeure provençale de la fin du 19ème, tout au bord de la rivière chère à René Char, La Sorgue. On peut visiter gratuitement ses s expos annuelles, toutes de haute tenue depuis 12 ans, c’est assez rare pour le souligner. Pour ce second volet de Mouvement et Lumière, dis ans plus tard, la Fondation n’a pas lésiné avec les œuvres majeures qui parsèment le parcours sur quatre niveaux, plus le jardin. Un « Pénétrable » de Soto nous accueille et le hall rend hommage en 5 œuvres à cet artiste qui fête ses 100 ans. Au rez-de-chaussée, on est impressionnés d’emblée par les grands cercles de Manuel Mérida qui tournent sur eux-mêmes et forment d’immense sabliers marquant l’écoulement du temps à l’œuvre. La Sphère bleue de Julio Le parc, plongée comme nous dans la pénombre, dévoile également ses facettes et impressionne par son volume. En fait une soixantaine d’artistes ont été sélectionnés et l’on réalise l’importance et l’apport des sud-américains, et aussi de l’extrême orient, à ce type d’art fondé sur la lumière et le mouvement. Plusieurs thèmes ont été dégagés, Les lumières de la ville (avec une magnifique enseigne défilante de Jenny Helzer)  Reflets, Eclats (avec des jeux de miroir impressionnants, et une œuvre en verre teinté de JM Othoniel), l’œil moteur ou encore hypnoses géométriques. L’un des points forts de cette présentation est constitué par la référence aux Equilibres naturels, où un mobile de Calder jouxte une œuvre de Xavier Veilhan qui marque la filiation d’une génération l’autre, de même qu’une œuvre suspendue de Sasumu Shingu. Au premier étage, les néons urbains sont à l’honneur une impressionnante composition de Carsten Höller illustrant la suite de Fibonaci, près d’un œuvre conceptuelle d’un Laurent Pernot et d’un sycomore reconstitué de l’éco-féministe Andréa Bowers, preuve que ce type d’art peut être engagé. Miguel Chevalier propose des apparitions lumineuses et moirées en fonction de déplacements et l’on revoit toujours avec plaisir les méticuleuses constructions d’un François Morellet (auteur du M de Montpellier). Au 2nd, l’œil est particulièrement sollicité, et le maître du genre, Vasarely, se distingue par ses réalisations souveraines, mais aussi les expériences de trompe l’œil kaléidoscopique de Chul-Hyun Ahn. Marina Apolonio renouvelle les expériences optiques de Marcel Duchamp autour du cercle en mouvement tandis qu’Ivan Navarro (affiche) nous confronte à une explosion ordonnée de couleurs électriques. Parmi les œuvres immersives et in situ, celle d’Olafur Elliasson, une sphère aux tons mordorés et traversée de feu marque les esprits, tout comme au rez-de-jardin, le serpent de triangle vert d’Elias Crepin, qui se meut dans l’espace nocturne. A l’intérieur, l’exposition se clôt par quelques hypnoses géométriques, qu’elles soient signées Dominique Pétrin pour les œuvres murales, ou Angela Bulloch pour le volume lumineux. Mais tout n’est pas terminé puisque le jardin propose des surprises cachées aux fonds des bosquets (les plumes de Francis Guerrier, les fluorescences de Piotr Kowalski) ou carrément dans la Sorgue (Gabriele de Vecchi). Les sculptures d’Hanna Roeckle s’inspirent du polyèdre de Durer tandis que Jeppe Hein prouve que l’humour n’est pas exempt de ce style de démarche. Cette exposition permet de redécouvrir des mouvements qui ont beaucoup à nous apprendre dans un monde saturé d’images. On notera qu’elle a su équilibrer l’apport des figures historiques (Tinguely, Keith Sonnier, Takis etc.) et des nouvelles générations (Philippe Parréno et sa « marquise », les décompositions mouvantes de Philippe Decrauzat). Ces démarches peuvent se plier à des engagements et surtout révéler la façon dont notre esprit et notre corps se situent par rapport à ce que l’on a du mal à concevoir : la 5ème dimension de l’immatérialité. Une exposition que l’on prend beaucoup de plaisir à voir. D’autant que la scénographie est de Laure Dezeuze… BTN

Jusqu’au 1er-10, 7, avenue des quatre otages, 0490952370

 

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