La démarche d’Henri Maccheroni a ceci de singulier qu’elle ne fait de la peinture ni une fin ni un moyen , mais un processus d’intelligence, une méthode d’interrogation et d’investigation, de rencontre et de dialogue qui met en oeuvre l’histoire et- dans une strate plus profonde- la quête de l’origine. C’est ainsi que l’artiste occidental Henri Maccheroni ne correspond pas à la définition courante de l’artiste contemporain. On le retrouvera plutôt du coté des débuts de la renaissance européenne, ou des créateurs des arts dits « premiers » pour qui l’art est justement un processus, une méthode de compréhension, et qui font de tout objet d’art une somme des relations entre les hommes et le monde.
Voici en quoi la démarche de Maccheroni est singulière : elle est portée par ces très profondes questions où se jouent notre vision, notre présence au monde, notre vie et notre mort.
Dans cette démarche, Henri Maccheroni rencontre les objets, les corps, les livres, les signes, les textes, les œuvres comme autant de jalons, d’énigmes qu’il convient d’interroger et intégrer dans le processus… Dans chaque œuvre d’Henri -peinture, photo, estampe- tremble l’eau des origines, se répandent les liquides aux densités et aux couleurs diverses qui s’attirent ou se repoussent, se mêlent et se rétractent, s’étagent les strates de matières, mettant au monde des formes premières, engendrant des interstices là où les formes se différencient, cellules pulsant, et baignant dans des lumières sourdes.
Henri Maccheroni ouvre en nous des émotions nouvelles, permet, à qui le souhaite, réflexion sur l’art et ses effets, méditation sur le monde et sur notre présence au monde. Henri a toujours été aux prises avec le monde, avec les images et les signes du monde, et son art est une longue et infatigable quête de ce mouvement à l’oeuvre au coeur même des choses.
Ce qui intéresse Maccheroni, c’est le tremblement particulier de la matière qui donne son origine au trouble et à l’émotion qui nous saisissent quand nous percevons que le monde des apparences tout à la fois se construit et se détruit à nos yeux ; et que la force qui le détruit est celle là même qui le construit.