Biennale Art Press Montpellier Après l’école

Après l’école, Biennale Art Press des Jeunes artistes, Panacée (Musée Fabre, Salle Bagouet)
La revue mensuelle Art Press a représenté, durant des décennies, une référence pour ne point dire une autorité dans le paysage français et sans doute au-delà. Elle fête à présent ses 50 ans, et c’est l’une des raisons de son invitation à effectuer des choix, toujours difficiles, parmi les différents promus des écoles d’art, qu’ils émanent de Paris ou de Marseille, de Lyon ou de Strasbourg – et de la province en général (dont Nîmes, Montpellier, Toulouse et Tarbes). Cette Biennale se veut diverse puisque toutes les disciplines sont représentées (peinture, vidéo, sculpture, arts numériques, fusain, céramique, verre, installation, ready-made…), ouverte à l’international (des étudiants originaires du Maroc, de Chine, d’Arménie, d’Argentine, de Côte d’ivoire, du Viet-Nam ou de Corée ont été retenus, prouvant la capacité d’attraction des écoles d’art françaises) et respectant une évidente parité. Elle se veut également sérieuse puisque sollicitant des critiques d’art, censés connaître leur métier et savoir distinguer le bon grain de l’ivraie, car les jeunes artistes ont parfois du mal à s’émanciper de leurs maîtres et à faire ensuite cavalier seul, je veux dire œuvre originale. Et aussi parce qu’elle fait intervenir d’anciens étudiants, censés avoir acquis des connaissances indéniables leur permettant de maîtriser, ou de renouveler, les codes de leurs disciplines. Par ailleurs, trois lieux ont été sollicités : Outre la Panacée, le prestigieux Musée Fabre et la salle Dominique Bagouet (tandis que parallèlement l’ENSBA (artistes grecs) et le Frac proposent des prestations estudiantines, Post_production, pour le dernier). 32 artistes cela fait sans doute beaucoup, mais c’est ce que le public attend d’une biennale : qu’elle soit dynamique, modifie nos habitudes, se détermine à l’image d’une ville (N’oublions pas que Montpellier aspire au titre de Capitale de la culture). L’idée, c’est d’associer la jeunesse des artistes à la pérennité du patrimoine montpelliérain, et donc de les y intégrer, en attendant un avenir qui, quoi qu’il en soit, tranchera. Censés refléter les « ambivalences du présent » et les états d’attente qu’elles suscitent, la plupart des artistes entendent bien stigmatiser l’esprit de leur temps, par la critique ou la défiance, l’inquiétude ou la fascination, pour ce qui concerne par exemple la cause écologique, les possibilités offertes par l’hybridation, ou les dimensions ouvertes par le numérique. Certains font de leur œuvre un feu d’artifice, d’autres lui prêtent le caractère d’un tableau Vellada. L’un se plonge dans des grottes sous-marines à la recherche d’une vérité foncière, un autre se contente d’observer et de peindre des ustensiles du quotidien (C’est le montpelliérain !). A l’intérêt pour le monde agricole en déclin, voire à l’exode rural (chinois), s’ajoute un regain de bienveillance pour l’artisanat et l’univers médiéval. A un baiser de cinéma s’opposent des exhibitions de sextoys et d’objets suscitant le désir, ou des fragments de corps moulés et malmenés. A la technologie la plus avancée en matière d’images (œuvre virtuelle, machine fitness pour vidéo immersive, animations à partir de collages), des installations de ciment, ou usant de la corde, du feutre, ou de laine brute sous verre et autres matériaux dits pauvres. Des tableaux, pris dans la matière posée au sol. Des spots stroboscopiques, illuminant un abribus, ne semblent pas gênés par la proximité des cavaliers de l’apocalypse conçus d’un point de vue africain, d’un Leviathan, d’un champ de pylônes sur tapis de paille, d’un vivarium avec boîte à œufs ou de raquettes peintes aux couleurs du ciel… Bien sûr, si la Panacée rassemble le gros des troupes, le Musée Fabre avec ses salles temporaires vouées à des séries monographiques intègre les nouvelles expériences picturales (On y peint la peinture ! Des aquarelles délirantes ! Des tableaux effaçables !), photographiques (abstraites et picturales) et graphiques (a minima). L’atrium est totalement remodelé par des tissus suspendus, une scène précaire ou un chantier minier dans un esprit franchement revendicatif et révolté. Un porte-nez de géants. Des billots de parade en liberté. Des dessins de machines. Mais un parcours parmi les collections réserve bien des surprises, qu’il s’agisse du traitement du corps académique ou du grave problème de la colonisation. La salle Bagouet se présente plutôt tel un atelier ou un laboratoire plus transitoire, « in progress », mettant en abyme la situation temporaire de la biennale elle-même. On y trouve pêle-mêle des prunes en cuivre au sol, un système hydraulique à base de bidons, un être de paille assis de dos, deux colonnes d’éclairage, des vêtements suspendus, de la paille, un faux matelas et des tableaux fantomatiques ou une peinture de plomb. De quoi amorcer des récits ou des motifs de réflexion en tous genres… Que deviennent les artistes lâchés dans le monde du travail et de la culture Après l’école ? Et comment leur relation au monde où ils vivent et où nous vivons s’inscrit-elle dans leur œuvre, de sorte qu’y transparaisse l’air de notre temps… Voilà les questions qui se posent… BTN

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