Promenade dans le Centre de Montpellier

TOUR DES GALERIES EN CENTRE VILLE 1 par BTN
Les musées et centre d’art étant encore fermés, nous restent les galeries associatives ou privées pour nous permettre de nous confronter à l’art vivant, et pour certains acquérir une œuvre, aider ainsi les artistes et galeristes tout en se faisant plaisir. En attendant Vasistas, Mécènes du Sud et Le lieu multiple, j’ai pu visiter quatre d’entre elles, à Montpellier.
D’abord n°5 ? Rue Ste Anne : deux artistes assez différents, un homme et une femme. Pascale Hugonet travaille à l’encaustique sur bois, soit par incision soit par prélèvement de matière colorée. Partant d’une écriture cursive elle aboutit à des rapports de formes ou à une véritable calligraphie en relief sur une surface monochrome ou irisée. Le résultat est apaisant et propice à la méditation qui nous éloigne du réel si bruyant. Patrice Barthès recourt en l’occurrence au caisson éclairé, de format carré, identique et de dimension humaine. Il recycle en quelque sorte des morceaux de bâches garnies d’empreintes et les retravaille plutôt en noir et blanc mais sans renier pour autant la couleur. Il recourt à son matériel d’atelier familier. Il travaille un peu à la manière d’un musicien de jazz qui s’appuie sur une base solide pour se livrer à des improvisations tachistes, géométriques ou irradiantes. On y retrouve le besoin de mouvement qui caractérisait son ancienne activité de chorégraphe. L’usagé est ainsi mis en lumière, passe du bas à hauteur de regard et a droit ainsi au royaume des yeux. Pour quelques jours encore (27 mars) .0981653975
Le petite galerie de Samira Cambie réalise de grandes choses et expose des grands noms. Elle fête déjà son cinquième anniversaire, malgré les gilets jaunes et la pandémie et souligne l’arrivée du printemps sous le signe de l’arc-en-ciel. Les artistes ont joué le jeu notamment le turbulent Stéphane Pencréac’h qui propose des toiles d’une étonnante sobriété. On n’a que l’embarras du choix entre les fines aquarelles d’Yves Reynier, l’abstraction liquide d’Anne Slacik, les arcs de cercle inimitables de Pierre Buraglio, un masque de sa fille Claude, un paysage de Thomas Verny, un couple de clowns portraiturés par les allemands Alex Pahlavi et Florence Obrecht, les grilles complexes et hautes en couleur de Pierre Bendine-Boucar, un effet de lumière légère de Clara Bryon, le jeu de signes proposé par Curro Gonzales… N’oublions pas les protégés de la galeriste : Quim Domene, Guillaume Toumanian ou le très jeune Jérémy Gabin… On sent la galeriste plutôt portée vers une certaine peinture figurative originale et intimiste, sans exclure d’autres expériences sollicitant le collage par exemple ou le travail sur métal et même une abstraction, qui s’inspire souvent du réel. J’en passe et des non moindres… Je serais bien reparti avec deux trois petites choses… 16, rue St Firmin, jusqu’à la fin mars 0680641222.
La galerie Al/ma a également opté pour l’expo collective, pour d’autres raisons. On y retrouve les piliers de la galerie, que l’on aimerait bien acquérir également. Excusez du peu : une toile libre et découpée d’après un coin d’architecture par Max Charvolen, les hommages à Beuys de Georges Autard, un dessin et une anamorphose murale en métal de Tjeerd Alkema, un ciment posé au sol de Jean Azémard, une petite toile bleue évidemment de Des Gâchons, un nuancier d’Arnaud Vasseux, une cagette artificielle confectionnée par Agnès Fornells à partir de quelque marché mexicain, un bas relief tout alambiqué de Suzy Lelièvre, un petit chef d’œuvre de minutie de Dominique de Beir, un bichrome radical de Didier Demozay, une série de dessins emblématiques voire totémiques et très sexualisés de François Bouillon, un Andrieu le dernier à avoir exposé… Je ne cite pas volontairement tout le monde. La galerie Al/ma nous a habitués à une certaine rigueur dans ses choix tout en cultivant la fidélité renouvelée à certains artistes. C’est un aperçu de tout cela que l’on retrouve ici… Jusqu’au 3 avril (5, rue du plan du plais 0663271563) en attendant la reprise.
Enfin, la galerie Boîte noire de Christian Laune, le plus ancien et pourtant toujours en alerte, enthousiaste, de plus en plus précis dans ses choix et ses fidélités lui aussi. En témoigne, jusqu’au mois de juillet, cette nouvelle expo de Jimmy Richer que l’on a pu voir au Musée Fabre, au Frac et dernièrement à la Panacée. Jimmy Richer fait montre à chaque fois d’une incroyable inventivité qui va de pair chez lui avec la générosité graphique. Sous les arcades de l’ancienne cave, il aligne le long des murs des peintures murales, assorties d’un tableau, ou de planètes satellites. Son univers qui touche aussi bien à l’Histoire naturelle qu’à la BD sollicite avant tout les mondes minéraux et végétaux, l’homme et l’animal sont plutôt suggérés par anthropomorphisme. On se sent à l’intérieur d’un autre monde conçu et recréé par l’artiste ce qui fait immanquablement penser à une cosmogonie. Le lieu est chargé d’histoire et Jimmy Richer l’habite en ressuscitant un certain esprit de la fin du Moyen age, du début de la Renaissance encore marqué par l’alchimie ou les sciences occultes, les planches soignées. On y découvre les choses comme on les épèle. Elles relèvent de l’hybridité, mêlent le savant au profane ou au populaire à l’instar d’un Rabelais. Les encres sont encadrées, formant des planches d’autant plus précieuses qu’uniques et totalement inventées. Jérémy Damien excelle autant dans la démesure que dans le méticuleux. En ce sens il rapproche les deux infinis autour de la taille humaine qui lui sert de repère. Il n’est jamais aussi à l’aise que dans le noir et blanc ou en usant de l’encre parce que sa vocation est avant tout de dessiner. Mais la couleur ne lui fait pas peur, qui émerge souvent de cette part d’ombre prêtée aux objets. C’est qu’il les fait naître du néant même si la main ou l’esprit qui la guide lui fait rencontrer telle référence savante, telle image du réel, qu’il ne pousse jamais jusqu’à la ressemblance servile. On a affaire à un art visionnaire et qui nous paraît si proche pourtant. Il faut absolument découvrir cette expo unique en son genre. 1, rue Carbonnerie 0686582562).
La suite la semaine prochaine… BTN le 21 mars 2021

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