Marlène Mocquet, Fondation GGL, Hôtel Richier de Belleval, Montpellier
Marlène Mocquet nous avait enchantés en inscrivant dans l’espace de l’Hôtel de Belleval une œuvre pérenne, Longue-vue, mi peinte, mi modelée, visible dans l’escalier d’apparat de l’ancienne mairie et fleuron du patrimoine montpelliérain. La Fondation GGL, comme pour Jim Dine ou Olympe Racana-Weiler, nous fournit l’occasion de découvrir davantage encore cette artiste qui s’est révélée grâce à ses peintures originales, merveilleuses et énigmatiques, très proches à la fois du Jardin des Délices et de l’univers, onirique, de l’enfance. Et aussi pour ses céramiques, sculptures et installations. Certaines réalisations de cette exposition en trois visages ont été réalisées pour la circonstance, toujours dans un esprit Différent parfois, libre toujours. Marlène Mocquet s’est inspiré des bustes à caractère antique présents dans le bâtiment pour confectionner, dans le grès émaillé, l’or et le platine, le portrait des artisans de la Fondation qui auront contribué à la rénovation du prestigieux bâtiment. Hommage est ainsi rendu à ces personnes actives, plus obscures que les artistes, qui donnent leur vie pour la cause de l’art, mais sont souvent oubliées par le grand essorage de l’Histoire. C’est un acte de reconnaissance d’une artiste à ses commanditaires qui l’ont elle-même reconnue digne. Ils auront ainsi leur moment de gloire, tout s’inscrivant dans une lecture renouvelée du genre de la Vanité, thème traditionnel s’il en est, on se souvient des Ambassadeurs d’Holbein. Ils sont représentés, un peu comme dans les chefs d’œuvre du passé, accompagnés de leurs attributs spécifiques : la chouette, l’arche, le château en forêt, les Beatles… Dans la première pièce, ils sont entourés de tableaux de l’artiste, son univers particulier peuplé d’une flore et d’une faune dansant sur l’espace singulier du tableau, lieu de tous les rêves, les images, les audaces, incarnation au fond de l’inconscient. Les fruits, surtout la pomme, les créatures ectoplasmiques, les grands yeux étonnés, semblent métaphoriser cette surprise permanente que suscite un univers à la fois décalé et assumé comme tel. Marlène Mocquet fait également référence aux frères Pourcel, en concevant un Banquet imaginaire, une table somptueuse aux couverts de céramique comme si l’on entrait dans l’une de ses peintures pour en apprécier mieux encore les détails raffinés. Autour de cette table magnifique, du papier peint nous immergeant dans son univers reconnaissable entre mille dans des scènes généreuses, qui ne lésinent guère sur la diversité des créatures, comme si la peinture pour elle réactivait sans cesse la genèse d’un éternel enchantement des yeux. Mais étrange, dérangeant, et au bout du compte ambivalent. De petites peintures, plus intimistes, le long des murs, ne demandent alors qu’à être dégustées… BTN
Du 27-10 au 24-04-2024