Texte du catalogue de l’exposition « Noha’s Planes » d’Hans-Jörg Georgi à la Galerie Christian Berst art brut, Paris : « Après nous, le déluge ? ». 8 décembre 2022- 22 janvier 2023.
https://christianberst.com/exhibitions/exhibition-311#catalog
Il y a le désastre latent, imminent. Insidieux, diluvien. Et il y a les sentiments que cette inéluctable apocalypse éveille en nous. La peur paralysante qui nous jette dans le désespoir. La fascination morbide et le nihilisme qu’elle trahit. Le moralisme qui se repait de notre culpabilité et nous accable. Ou l’indifférence toute cynique qui exulte : « Après nous, le déluge ! »[1]. Soit l’interdit que le philosophe allemand Hans Jonas, comptant parmi les pionniers des éthiques écologiques dès les années 1960, adresse à l’humanité. En parallèle, Jonas formule un nouvel impératif catégorique d’inspiration kantienne : « Agis de telle sorte que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre »[2]. Or cette éthique universaliste, reposant sur un profond respect de l’humanité et de notre écosystème, résonne avec l’œuvre d’Hans-Jörg Georgi (né en 1949 à Francfort-le-Main) : construire une flotte d’avions en carton recyclé, qui serviront peut-être de maquettes pour des embarcations réelles, afin de nous transporter dans l’espace, le jour où la planète ne sera plus habitable…
[1] Hans Jonas, Le Principe responsabilité, une éthique pour la civilisation technologique, Editions Le Cerf, Paris, 1990.
[2] Hans Jonas, Ibid.