ASIA NOW – ART FAIR 2019

Pas de dominante donc. Mais une promenade très éclectique qui nous amène à fonctionner au coup de cœur ou bien au « coup de sang ». En privilégiant ce qui plaît (ou déplaît) d’instinct.

Le champ où se meut l’art asiatique contemporain (dominé par le Japon, la Corée et la Chine) demeure situé entre un pôle fortement international et avant-gardiste et cet autre pôle qui cherche à maintenir les traditions artistiques millénaires d’un Orient qui n’entend pas disparaître mais cherche à maintenir ses trésors les plus anciens.

Des greffes entre ces deux univers opposés se constituent, parfois artificielles, d’autres fois très réussies. Comme le défilement du petit théâtre pictural de Ni Jui Hung (Taiwan) : Peng Lai Xian Shan, installation constituée d’un long ruban qui défile. Un paysage animé et coloré, une bande son poétique et le tour est joué. On s’arrête pour lire, écouter et parcourir la saynète mobile.

La richesse et la mixité des matériaux traditionnels (ou plus contemporains) se retrouvent souvent réunies et mixées dans des sortes de collages retravaillés. Né en Chine en 1978, Sun Yanchu reprend dans ses « Fictions », d’anciennes photographies, qui sont repeintes, zébrées de coulures verticales et perturbées par des caches masquant les visages des personnages. L’œuvre acquiert ainsi une signification narrative. On peut gloser à l’infini sur les modalités de l’existence et des sentiments de ce couple assis face au photographe en compagnie de ses deux enfants. La « photo de famille » se voit revisitée, perturbée, transformée – au sens littéral du terme – par les arts dits « plastiques ».

Toutes ces finesses, poésies et délicatesses en arrivent à être conceptuelles, à force de précision et de radicalisation du regard dans « l’impression » finale. Ainsi en est-il du panorama photographique de Mi-Hei Her (Corée), Entre-Deux, (Photo, plexiglass, film, 2016). L’œuvre est constituée d’une longue boîte de plexiglass, dont la face et le fond sont « impressionnés ». L’image photographique est ainsi superposée et en décalage par rapport à elle-même. La vision en devient troublante, le moindre déplacement du spectateur faisant bouger la totalité du paysage étiré en largeur.

Né en 1990, Chando Ao (Chine) travaille à l’intersection de la culture populaire (artisanat, broderies traditionnelles, ravaudage des filets de pêche, etc.) et des nouvelles technologies (vidéos, machineries), construisant de poétiques robots contenant des végétaux, des poissons vivants (I’m a fish, 2019) qui donnent lieu à des installations mobiles. Le visiteur est assailli de manière charmante par ces ludions animés (sphère et/ou bocal habités) qui le frôlent, le contournent, l’évitent… – L’art asiatique le plus contemporain comporte une indéniable dimension ludique.

Ce qui inclut aussi ces jeux de perspectives (et de fenêtres emboîtées) qui caractérisent l’art traditionnel occidental. Deux mondes alors se retrouvent par juxtaposition dans l’espace de l’exposition. Cai Lei (Beyong freedom, 2019 ) y dessine dans le bronze une silhouette et des armatures qui redoublent (en les encadrant) les espaces que nous traversons.

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