A propos de l’Installation « Mémoire du Merveilleux » de Jean-Luc Parant, Chapelle de la Miséricorde, Montpellier, 2023.

 

 

 

  Les naufragés de l’Arche perdue

 

 

Cet amoncellement de deux cents boules de tailles très différentes réalisées en cire à cacheter et en filasse apparaît très représentatif du grand créateur qu’a été Jean-Luc Parant. Des espèces animales surgissent de ce chaos primordial mais organisé : oiseaux, reptiles, brochets, coquillages, un éléphanteau, des bois de cerf, etc. Elles symbolisent les trois éléments primordiaux : l’air, l’eau et la terre. Ne manque alors que l’espèce humaine, symboliquement représentée par l’action artistique.

 

Il s’agit d’une installation, déjà présentée au musée de Sète en 2015-2016, prêtée par la galerie Pierre-Alain Challier à Paris, dont la coordination générale a été mise en place par Marie-Caroline Allaire-Matte, directrice de la galerie AL/MA à Montpellier et Alice Avellan, chargée de production au Pôle Culture et Patrimoine de la Ville. La défense et l’illustration de l’œuvre passent par Kristell Loquet qui avait dirigé le fort catalogue Mémoire du Merveilleux, coédition Marcel le Poney et Actes Sud en 2015.

 

Le génie du lieu (« genius loci »), intervient dans cette Chapelle de la Miséricorde, toujours consacrée, endroit quelque peu mystérieux dans la cité solaire, où l’ombre se fond dans le décor avec des peintures des siècles passés. Chaque nouvelle représentation, et l’on peut mettre en avant cette notion théâtrale, propose de nouvelles interprétations. Sommes-nous en présence d’un effondrement du monde connu à forte connotation écologique ou bien dans le commencement d’un nouveau monde d’où émergent des formes animales ? Bien d’autres questionnements s’imposent également à chacune et chacun, où la notion de fantastique le dispute à la fonction poétique. Parant, artiste à part, donc totalement intéressant, ne donne pas de réponse définitive puisque tout son travail, tant plastique (les « boules ») que littéraire (les « yeux ») œuvre du côté de l’essentiel d’un être en constante mutation.

 

Si le titre reprend, en le connotant légèrement, celui des Naufragés de l’Arche de Michel Butor, paru à La Différence, avec des photos de Pierre Bérenger, en 1982, il rappelle également le travail commun accompli entre Michel et Jean-Luc, avec textes et critiques ainsi que l’image de boules dévorant des livres de Butor. Le singe établit également une passerelle entre les deux ; sous forme de conclusion, un extrait de Butor, à la page 90 de l’ouvrage évoqué auparavant :

 

« L’enfant Butor qui les aimait

Ne se lassait de leurs plumages

Qui pour lui était un ramage

L’enfant butor devenu singe »

 

Christian Skimao

 

Installation Mémoire du merveilleux de Jean-Luc Parant

Chapelle de la Miséricorde, Montpellier

Du 3 juin au 17 septembre 2023

 

Signalons également qu’à la galerie AL/MA se tient jusqu’au 15 juillet 2023 une exposition de travaux sur papier de Jean-Luc Parant couvrant la période 1962 à 2022.

 

 

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