A fleur de peau, Espace Feuillade à Lunel

Clara Langelez, Espace Louis Feuillade, Lunel (34)

A fleur de peau, c’est le titre choisi par Clara Langelez pour s’approprier poétiquement, et avec toute la sensibilité qui l’anime, cet ancien lieu de spiritualité. La production de cette jeune artiste est multiforme puisqu’elle va de l’installation aux dessins (fusain, encre ou bille) en passant par la peinture ou la sculpture murale. La peau, à laquelle il est fait allusion, révèle et cache à la fois. Elle donne à voir le visible et à imaginer l’invisible. Elle est limite, vulnérable, entre deux mondes. Clara Langelez entend nous livrer quelques échos concrets de son monde intérieur, disposés pertinemment dans l’espace. C’est le papier mâché, recyclé, de diverses teintes, par sa texture brute, sa relative légèreté, sa maniabilité, qui nous ouvre à son univers intime, fait de matière sensible, laquelle se confond avec notre expérience du vivant. Le papier, qui se déploie dans l’espace de manière dynamique, n’est pourtant pas découpé pour autant. Le vide fait partie intégrante de sa confection, à l’image du réel qu’il compose. Dans ces sculptures légères, et nous avons besoin de légèreté dans ces temps de tension extrême, les formes peuvent passer pour abstraites mais se réfèrent au monde organique ou à la stylisation végétale, à ce qui se développe à profusion tout en étant soumis à un ordre universel. Le papier, dans cette expo, se fait peau dans l’espace, nous en percevons les lignes et l’on nous invite sinon à l’habiter du moins à l’approcher de près. A le caresser, du regard du moins. L’espace Feuillade démarre sur une nef qui conduit à un chœur surélevé. C’est en cet espace précis que l’artiste disposera la pièce centrale de son exposition, toute de papier vêtue tel un phare éclairant tour à tour les diverses déclinaisons de sa sensibilité A fleur de peau. Une incarnation divine de l’énergie qui caractérise le vivant. Ce qui précède, de part et d’autre de la nef, y prépare ou en dépend, selon que l’on entre ou sort. Il s’agit de dessins abstraits, cursifs et spontanés, de diverses techniques ou dimensions, et aussi de peintures, censées décliner autrement le sens global de la démarche telle qu’elle se fait jour dans le chœur : une prolifération immersive et spectaculaire d’une espèce nouvelle, aux couleurs de la terre, des arbres ou parfois du minéral. Clara a cherché certes la cohérence, les liens intimes entre les différentes parties du corps de son expo, mais surtout à éviter la monotonie des accrochages réguliers, des supports et des échelles identiques. Notre nature profonde, notre espace intérieur, nos émotions quotidiennes sont trop varié(e)s pour s’accommoder d’un mode de présentation uniforme. On aura du petit (dessins), du moyen (peintures) et du grand (grappes sculpturales se développant le long des murs). Du blanc en dentelle et de la couleur florale. L’émotion prend divers aspects au fil du temps et c’est ce que l’artiste cherche à faire partager au long du parcours. Avec ses vitrines conservant des reliques, et ses séries de petits dessins, quelques florilèges picturaux et une fine tentative de collages. Ainsi l’invisible se rendra-t-il visible. A travers la légèreté des fleurs.  De peau. BTN

Jusqu’au 16-11

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