Le paysage des médias artistiques et des revues culturelles est loin d’être bien loti en termes budgétaires. Lorsque l’on écrit, c’est une réalité quasi quotidienne. Le manque de rémunération fait grincer des dents… Mais dans cette réalité précaire, bien souvent, se fait aussi sentir le besoin d’offrir du temps et des textes pour soutenir des visions éditoriales engagées et qui peinent à se subventionner.
Cet article écrit pour la revue Dragonnes a pris une tangente inattendue. Ce qui aurait dû être un portrait d’artiste s’est transformé en un récit sur la disparition de ce·tte dernier·e. Virage symbolique et révélateur.
L’artiste activiste, s’opposant radicalement à figurer dans la revue en raison de l’absence de financement, m’a fait comprendre une vérité percutante.
Si l’artiste disparaît, mon travail perd toute signification. Le texte s’effrite, vidé de sa substance. En tant qu’auteure, mon existence en dépend. Dans un contexte où le refus occupe une grande part de mes réflexions, cette expérience est allée bien au-delà de la frustration et de la crainte de voir mon travail anéanti et vain.
Face à cette radicalité parfois difficile à tenir compte tenu de réalités matérielles, ce texte a revêtu une dimension nouvelle. Manifestation féroce d’un fait : sans argent, les artistes s’évanouissent. Sans artistes, tout l’écosystème de la création contemporaine vacille.
Alors le nom a succombé, remplacé par des crochets enserrant du rien, du vide. Les images ont déserté les pages laissant la place à de mornes carrés noirs.
La disparition. Engagée. Le silence. Éloquent.
« No money = no artist. » Ce constat se dévoile dans le dernier numéro de Dragonnes. Je tiens à remercier la revue d’avoir su donner forme à cet article de la meilleure manière qui soit. Aussi différent fut-il de sa première mouture.