Viva Villa Collection Lambert

Viva Villa, Collection Lambert (Avignon)
Pour la deuxième fois, et de façon prolongée, la Collection Lambert accueille le festival des résidences d’artistes proposées par ces trois institutions de réputation mondiale que sont la Casa de Velázquez, l’Académie de France à Rome, plus connue sous le nom de Villa Médicis et la Villa Kujoyama de Kyoto. 51 artistes seront donc présents, provenant des trois pays qui les auront accueillis, qu’il s’agisse de peintres ou de compositeurs, de spécialistes des arts visuels, d’écrivains, historiens de l’art, d’architectes ou graveurs, spécialistes des métiers d’art, photographes, graphistes, danseurs… bref une vingtaine de disciplines, toutes associées sous la thématique imaginée par Cécile Debray : les vies minuscules, d’après le livre à succès de Pierre Michon. L’exposition sera accompagnée de lectures et performances, notamment les 24 et 25 octobre, et de projections diverses avec en particulier les paysages étranges conçus par Hugo Deverchère, les voix des rescapés du suicide de Blaise Perrin ou l’étude de la langue sifflée découverte aux Canaries par Marine de Courtes. La plupart des créateurs rendent hommage à la culture du lieu qui les a reçues. Luis Moreno et Anaïs Silvestro, spécialistes de l’art culinaire, étaient censées rendre hommage à l’or vert d’une île japonaise, Louise Sartor restitue cent vues de la villa Médicis ; Leticia Martinez Perez s’inspire des costumes et de l’art traditionnel espagnol afin de confectionner sa série de Contemporains Ridicules. La littérature n’est pas en reste : Nathalie Azoulai situe son roman familial intergénérationnel dans le Japon contemporain. Le compositeur Jonathan Bell s’inspire des Bosch, visibles au Prado. Les sujets brûlants de l’actualité sont évidemment omniprésents : les photos de Samuel Gratacap suivent les mésaventures d’Amadou, migrant en Italie. Alexandre Westphal travaille sur des archives mêlées à de la fiction revisitant les migrations franco-italiennes de l’après grande guerre. L’écrivain Sébastien Thiery prend pour thème les bidonvilles de Calais et les lois de l’hospitalité en général. Le musicien Etienne Haan prend en compte les incontournables lanceurs d’alerte. Anne Le Troter traite du thème des excuses publiques, qui seraient si bienvenues dans le contexte actuel. Le post colonialisme hante les esprits : Sammy Baloji plonge sa caméra hypnotique dans une usine de cuivre congolaise. L’écologique est présent dans les « proto-habitat » de Frédéric Barchelard et Flavien Menu. La dimension socioculturelle se retrouve chez Pauline Curnier Jardin, et son approche des travailleuses de la Nuit romaine. Et bien sûr la pandémie, comme le prouve la quarantaine vestimentaire, conçue par Jeanne Vicérial.
Au demeurant, les sujets ne sont pas exclusivement polémiques : l’historienne de l’art Sara Vitacca se penche sur la représentation du corps viril dans l’art italien. On tente des rapprochements audacieux : Native Maqari et Simon Rouby découvrent des similitudes entre la tradition guerrière des samouraïs et les codes d’honneur ancestraux du nord Nigéria. Flore Falcinelli essaie de conjuguer les techniques occidentales et extrême orientales des laques et vernis. Keke Vilabelda établit un trait d’union entre les sels d’Autriche et ceux des mers ibériques. Le peintre Hugo Capron se passionne pour le japonisme. Isabelle Le minh pour son prédécesseur au Japon, James Lee Bryars. Les artistes tentent de renouveler leur activité : Daniel Pescio s’ingénie à nous apprendre à écouter les parfums ; Emilie Rigaud tente de transformer la calligraphie en typographie ; l’architecte Sara Kamalvand recherche les origines aquatiques de la ville ; le peintre Guillaume Valenti tire toutes les conséquences de la mise en abyme qu’il admire chez Velázquez. Les peintres et plasticiens sont d’ailleurs les plus nombreux : notre alésienne Mimosa Echard (Crac) et ses formes organiques ou végétales, fruits d’une étrange alchimie. Pierre Bellot produit une figuration tout à fait originale en s’appropriant les images du réel. Benjamin Mouly interroge les espaces des images. Le voyageur Thomas Andrea Barbey s’adonne à une intéressante expérience sur la lumière aveuglante de midi dans le sud. De même Justin Weiler à l’art de dissimuler tout en révélant, en l’occurrence le Palacio cristal et ses immortels aloe vera. Le graveur Clément Fourment nous plonge dans un monde enchanté à force de marionnettes et de poupées. Enfin, Katarzyna Wiesiolek dessine dans un esprit plus intimiste. Terminons par la BD en 3 D avec l’œuvre narrative de François Olislaeger… Une expo très riche, très variée dont on a hâte de découvrir la scénographie, éclectique, dont on mesurera la cohérence en ce début d’automne. BTN
Jusqu’au 10 janv, 5 rue Violette, 0490165620

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