Tiphiane Calmettes Musée Prades Site archéologique Lattara Lattes

Tiphaine Calmettes, Musée Henri Prades, Site Archéologique Lattara, Lattes (34970)

Le Musée Henri Prades, bien que voué à l’archéologie, invite chaque année un(e) artiste qui associe les objets du passé aux œuvres du présent. Cette année l’accueillie se veut, si je puis dire accueillante. Tiphaine Calmettes occupe trois espaces, dont la Mosaïque et la Maison gauloise, et a imaginé un Salon à faire fleurir non seulement de plantes du secteur mais de souvenirs des relations humaines. Il est essentiellement empli de céramiques à usage traditionnellement domestique, qui ne se privent pas de références aux objets que contient le musée, ni d’emprunts aux ornements antiques, qu’il s’agisse de motifs floraux ou de formes animales. Alors que les visiteurs, dans les musées, on tendance à circuler d’une œuvre à l’autre, Tiphaine Calmettes les invite, dans un premier temps, à s’asseoir sur un banc, surplombant légèrement une moquette, face à un véritable petit théâtre de choses, parmi les pichets et théières aux formes inédites qu’elle a réalisées. Car cette intervention se veut avant tout conviviale. Au sol pour rester dans la simplicité la plus extrême. Non sans humour, l’artiste attribue des formes d’animaux familiers à ses récipients, mais aussi dans leur forme primitive : les deux mains accolées. On note la présence, nombreuse, de timbales. Près de l’auvent de la Maison gauloise (laquelle abrite un pichet et un narguilé), Tiphaines Calmettes a conçu un autre salon, où il est possible de s’asseoir sur des sièges en bois sculpté, sciemment inachevés comme pour solliciter notre imaginaire, tout en empruntant leur motif à l’Histoire de l’art. Une petite table basse et ronde, au centre de l’installation, nous entraîne vers l’humilité d’une activité ancestrale. On se retrouve certes dans une dimension temporelle ancienne, mais selon un point de vue et avec des œuvres d’art contemporaines, lesquelles proposent pour l’avenir de retrouver un peu de cette vertu tribale avec laquelle nous avons rompu en acceptant la mondialisation. La céramique et la terre brute dominent. La cuisson se fait au four à bois, le feu réservant quelques surprises et s’avérant plus proche de la nature. La terre s’accommode mieux de la main afin d’accéder à de multiples formes. L’espace est délimité par des paravents quadrillés aux panneaux faits de cire d’abeille. Un lampadaire accumulant bon nombre de modules en céramique, tous du même ton, complète cette installation. A l’écart, un vinaigrier monstrueux couronne le tout. L’inerte semble en mal d’animalité si bien que l’on peut parler d’hybridité. Les réalités différenciées qui déterminent l’apparence des objets ont quelque chose de commun avec l’activité poétique. Ce n’est pas pour rien que Tiphaine Calmettes crée un néologisme qui joint la poterie à la poésie sous la dénomination de « poétrie ». Sur la mosaïque du dernier étage, on retrouve cette présence des objets sous forme de deux grandes lampes à huile en forme d’étoiles, d’un pichet poisson-dragon et d’un simple pot. Le tout assorti de plantes. Toujours la convivialité certes mais aussi l’hommage funèbre aux personnes ayant habité réellement ce lieu pour eux familier. Les objets réveillent ces atmosphères intimistes qui nous échappent de plus en plus dans notre mode de vie surbooké. Il nous faut baisser les yeux pour considérer ces trois installations à base d’objets intimes. Et ainsi mettre bas l’arrogance du regard. Adopter une attitude plus humble eu-égard à ce que nous apprend l’Histoire sur la fragilité des êtres, plus encore que des choses. Le conseil qui est donné est celui de jardiner son intérieur, au sens propre comme au figuré. BTN
Jusqu’au 13 mai

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