M.C.Escher, Espace EDF Bazacle, Toulouse

M.C. Escher, Espace EDF Bazacle, Toulouse

On connaît tous, sans forcément mettre un nom à ses dessins, des œuvres de l’artiste néerlandais Morits Cornelius Escher. Je n’en donnerai pour preuve que cette main dédoublée qui met en abyme l’acte même de dessiner, une main qui dessine une main en quelque sorte et avec quelle précision… Sa production se décline essentiellement en noir et blanc, dans lequel l’artiste, aujourd’hui disparu, se sentait plus à l’aise, ce qui déréalise encore un peu plus son univers fantastique et visionnaire. On pense à ces architectures improbables illustrant la notion de relativité et qui conçoit un espace, composé d’escaliers piranésiens et d’improbables piétons, sens dessus dessous. Les villes, chez Escher, semblent tout droit sorties de son imaginaire scientifique porté sur les mathématiques ce qui ne l’empêcha pas de fournir sa vision abyssale de certaines bourgades corses, réelles celles-là, dont Bonifacio ou une pinède vers Calvi. Ou italiennes à l’instar du port de Scilla. Ou même la capitale, Rome, en nocturne et dont les ruines semblent sortir précisément de la nuit. Cette dernière, en tant que phénomène cosmologique, est métaphorisée sur la feuille, par des hordes d’oiseaux noirs puis blancs en voie de se séparer. La géométrie règne en maître par ailleurs, directement ou dans les architectures complexes et fictives, et plus particulièrement la perspective, qu’il s’ingénie à explorer de façon différente. Le pavage, et notamment l’art décoratif musulman, exerce une influence directe sur ses multiples dessins à l’encre. Il s’en sert pour inventer de nouvelles formes, hybrides, ou pour parachever une vue urbaine telle cette chute d’eau qui domine des toits et terrasses. Il aime à recourir au trompe l’œil et aux facéties de notre champ visuel en jouant sur les faces cachées et visibles d’une sphère, dont une face sur trois reflète l’image du créateur. Enfin, il n’aime rien autant que le phénomène de métamorphose, sans doute expérimenté à partir de séries numériques : ainsi le voit-on par glissements progressifs passer de la forme répétée de l’oiseau au poisson puis aux chevaux en terminant par des triangles. Comme quoi la géométrie a souvent le dernier mot surtout quand elle rime avec l’infini, lequel fascina tant cet artiste qui ne songeait qu’à s’en émerveiller. Beaucoup de gravures et de lithos, arts plus modestes, témoignent du souci de faire partager cet émerveillement au plus grand nombre. On peut découvrir les grandes périodes de sa carrière, de la Flor de Pascua de 1931 à ses explorations du triangle de Penrose, du ruban de Moebius, ou du cube de Necker, toutes ces géométries impossibles, et aussi du thème de la pelure ou de l’écorce que la pub a rendu familières. Son influence est indéniable, notamment sur le cinéma qui lui emprunte ses escaliers labyrinthiques ou ses représentations de l’infini. BTN

Jusqu’au 30-03

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