Alain Vollerin nous a quitté mercredi 14 juin 2023.
La cérémonie religieuse de ses obsèques se déroulera à l’église de Saint-Pothin Lyon 6e, mercredi 21 juin 2023 à 14h30.
Voici les mots de Paule Martigny-Vollerin :
« La maladie a vaincu son corps. Il reste son œuvre, accomplie pendant près de quarante années, courageusement, inlassablement. Qu’est-ce qu’un homme ? Sa force et sa faiblesse. Nous parlerons de sa force. Il faut un temps pour tout. C’est le temps du recueillement et de l’hommage. Alain Vollerin dès l’adolescence s’est intéressé à la littérature, à la poésie et aux arts. A un peu plus de vingt ans il créa sa compagnie « Le Théâtre de l’homme en noir » rue René Leynaud sur les pentes de la Croix-Rousse. Il adaptait des textes comme « Les Cenci » ou créait totalement des spectacles à l’exemple de « Toi le silence », remarqué par la critique à la Bourse du travail. Dix ans plus tard il se tourna entièrement vers la vidéo – technique qu’il avait déjà exploitée dans ses mises en scène – son théâtre étant tombé sous l’action des pelleteuses qui arasaient le quartier de la Grande Côte. C’est alors qu’il décida d’enregistrer la mémoire des acteurs de la vie artistique lyonnaise. Tout d’abord les critiques d’art : René Deroudille, André Mure, Jean-Jacques Lerrant et Emile Leroudier. Puis Audin imprimeur, les conservateurs de musées, les écrivains, les journalistes (Bernard Frangin, Pierre Mérindol, Alain Dubouillon), et les artistes (Jacques Truphémus, Jean Fusaro, Jean Couty, Jean-Albert Carlotti, Camille Niogret, René Maria Burlet, Louis Thomas, Albert Duraz, etc). Son action déborda sur Paris avec des films sur Pierre Soulages, Olivier Debré, Jean-Pierre Raynaud, Zao Wou-Ki, Etienne-Martin, François Stahly, Pol Bury, Takis, Jean Bertholle, etc. Au total plus de cent documents de mémoire exceptionnels qui avec le temps deviennent de plus en plus précieux. C’est René Deroudille, avec lequel Alain Vollerin connut un beau compagnonnage, qui trouva le nom de Mémoire des Arts, si bien approprié. L’intérêt d’Alain Vollerin pour l’histoire de Lyon se concrétisa avec d’autres films comme celui sur Félix Benoît, et par l’écriture et l’édition d’une soixantaine de livres sur les arts plastiques et l’architecture à Lyon. Travail titanesque d’un combattant infatigable pour mettre en lumière des artistes exceptionnels du XXe siècle à Lyon. Un engagement passionné d’un bourreau de travail, œuvrant entre Paris et Lyon, fourmillant de projets réalisés à travers de nombreuses expositions, des conférences qui firent date, et la participation à des salons d’art en France et à l’étranger. La création de la revue « Mémoire des Arts – Car pour connaître il faut reconnaître » en mai 1996 constitua un pilier de son action. Il écrivait aussi pour d’autres médias auxquels s’ajouta le blog des arts créé il y a douze ans. Au total Alain Vollerin a écrit près de 20 000 articles. Je me souviens du jour où nous démarchions la librairie du musée du Louvre. A cette époque aucun documentaire artistique ne figurait dans les rayons des librairies de musées. Alain Vollerin réussit à convaincre la jeune responsable de créer ce département. Les cassettes VHS firent aussi le bonheur des enseignants des lycées, collèges et écoles d’art qui ne disposaient alors que de diapositives comme matériel pédagogique. Puis les VHS furent remplacées par les DVD. Voici donc une partie de l’action d’Alain Vollerin et de ce qu’il lègue. Une masse d’informations extraordinaire pour la reconnaissance des arts plastiques à Lyon au XXe siècle et la préservation de la mémoire de grands artistes français. Plus le temps passera et plus on estimera la valeur de cet héritage. Qu’il en soit remercié. Et pour compléter cette évocation, n’oublions pas son engagement pour la gastronomie lyonnaise, tout un art aussi, avec seize années de publications du guide Bien Manger à Lyon et du Guide des Bouchons. »
