Carré d’art SDuspension, Pst/Performance

Suspensions, Post Performance etc., Carré d’art, Nîmes
Carré d’art se met à l’heure de la chorégraphie et de ce que la commissaire Marie de Brugerolle définit comme Post-Performance mais n’en oublie pas pour autant la peinture nit la sculpture qui auront marqué le XXème siècle – dans sa composante féminine toutefois, sujet ô combien sensible par les temps qui courent. La vidéo envahit toute une aile du deuxième étage, sous forme de triptyque ou de polyptyque intermittents, différenciant les divers espaces et temps qui contextualisent des interventions corporelles en des lieux emblématiques de la ville de New York mais aussi dans l’industrieux port de St Nazaire, flanqué de son majestueux pont. La chorégraphe y improvise des exercices, des rondes et des mouvements fortuits introduisant un art vivant en mouvement dans des architectures gigantesques mais immobiles ou des décors plus intimistes. La troisième salle toutefois est consacrée à l’image murale de divers gestes fixés, en quasi noir et blanc, envahissant les murs, tout comme ces concepts gravés dans le métal, dont les mots et lignes semblent danser sur leur support, devant quelques assemblages de bois flottés ou récupérés et de feutre se prêtant à interprétation et déplacement physique, ou aire de repos. La caméra de Jocelyn Cottencin a ainsi suivi les pas et gestes orchestiques d’Emmanuelle Huynh, lui prêtant parfois main forte. La vidéo grand format se prête bien à cette confrontation des corps au gigantisme urbain ou à l’animation industrielle. Tous les plans sont utilisés, du plus lointain au plus proche, de sorte que tous nos rapports corporels au monde soient mis en scène et en espace. Un chauffeur de taxi et un architecte prêtent leur concours à l’intervention new yorkaise. Pour Post-Performance, où il s’agit d’étudier l’impact des Happening sur les arts visuels, quatre artistes se partagent une partie bien distribuée en espaces distincts du premier étage. La vidéo est ainsi associée, au dessin de rue, à la sculpture en buste avec pailles suçant le cerveau, à des images numériques, à des objets inattendus, issus du décor filmique et comme sortis de l’écran, telle cette improbable chaise sur laquelle repose un pantin de buches ou à des pieds carrés et filmants. On a le choix entre le théâtre de marionnettes en campagne électorale (Rodney Mc Millian), l’animation angélique de personnages asexués et de couleur noire (Coleman Collins), le monde des pantins animés associé à celui de l’œil de l’animal porcin et à des chaussures lourdes (Anna Wittenberg), le voyage chez nos ancêtres de la Préhistoire enfin, sur fond de scatologie voire cannibalisme consentis (Nathaniel Mellors) avec l’impression d’être inclus dans une histoire mise en images mais aussi en volume autour de nous. Des histoires de masques aussi car on est ici dans la représentation et la fiction. Et ceci jusqu’au 17 avril.
Changement radical d’ambiance pour l’autre aile du dernier étage où nous attend l’expo féminine intitulée Suspension, de plus en plus réduite en œuvre au fil du parcours. L’art contemporain n’en finit plus de réviser son Histoire à la lumière des oubliés, qu’il s’agisse des artistes femmes, des victimes de la colonisation ou simplement des pays émergents. Cela permet de réparer quelques injustices et parfois de relancer une production même et occidentale qui tend à s’essouffler. Les trois grandes salles dévolues à la Suspension étonnent par leur sobriété. Nous sommes accueillis par des œuvres minimales de l’allemande Charlotte Posenenske, matériaux et couleurs industrielles, modulables et même « complétables » à souhait. Certaine sont murales, en diptyques car c’est le début d’une série. Mais la plus grande est installée au milieu de la salle, telle une sorte de conduit ou de cheminée de métal que l’on pourrait prolonger à son idée. Leur sont opposées trois sérigraphies de nues intimistes de la belge Lili Dujourie, sans doute une critique du voyeurisme patriarcal. Entre mur et sol une œuvre dénonçant l’impérialisme américain en matière de minimal art en y ajoutant uen touche personnelle de subjectivité poétique ou de sensibilité. La deuxième salle voit se confronter les grandes toiles aux formes souples, abstraites et sourdes de l’américaine Suzan Frecon et les minuscules paysages d’Etel Adnan, riches en harmonie de couleurs et pleins de spontanéité. Enfin dans la dernière salle une projection de Trisha Donnelly, toujours une américaine, occupe intégralement la salle plongée dans la pénombre et fonctionne telle une apparition. Elle est source de bien des interrogations quant aux enjeux formels, référentiels et visuels qui s’y déploient. On aura compris que ces artistes sont des sortes de pionnières auxquelles il fallait faire une petite place dans une Histoire déjà bien saturée de démarches et réalisations mais dominée par l’impérialisme mâle et occidental. Quant aux françaises… BTN
Jusqu’au 13 mars, Place de la maison carrée, 0466763570

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