Avec cette exposition ALIMENTATION GENERALE, titre qui reprend un détail d’une de leurs photographies, le duo / couple de photographes Anne Favret et Patrick Manez signe une vaste déambulation dans des villes d’Europe dont les noms commencent par un B. Avec une contrainte à la Pérec, ils ont visé entre 2009 et 2022, 9 villes.
De sublimes, je veux dire d’une qualité extrêmement soignée, très grands et moyens tirages accrochés dans une excellente scénographie de Orphée Grisvart-Pontieux nous accrochent immanquablement.
La réussite de cette exposition, on la doit au commissariat de Marc Donadieu qui a minutieusement et judicieusement choisi parmi les dizaines de photographies.
On arpente ainsi des lieux, des paysages urbains où la plupart du temps le paysage naturel bousculé par les architectes et les urbanistes se fond avec les personnes ou personnages qui les habitent ou les hantent ou encore, les effleurent comme on rase les murs. On découvre des déserts et des foisonnements.
Chaque photographie livre des secrets par le biais d’un détail qui nous balade vers un autre, nous apprivoise et finissent par nous raconter une histoire, une Histoire ou juste un moment. Des plans qui donnent à voir et à lire. On est comme aspirés. Hormis le souci de l’architecture de la photographie, les lumières constituent un élément prépondérant de nos perceptions. Où sommes-nous dans cet étrange(ère) familiarité ?
Ce que nous livrent ces photographies aux accents austères et radicaux, est une appréhension multiple et étonnamment homogène (pas uniforme) de notre Europe.
Loin des clichés touristiques des guides, nous reconnaissons en chaque image, les failles, les échecs et les belles surprises, tout ce qui a échappé aux projets humains, à la main bâtisseuse, à l’audace (pour le meilleur ou pour le pire) et tout ce qui l’a dépassé. Il n’y a plus de frontières à l’occupation des sols, de l’espace par les humains
et les végétaux. Humains et végétaux le réinventent comme l’ont fait les architectes et les urbanistes avec leurs matériaux.
Les nombreux textes qui nourrissent l’exposition sont tout autant de qualité, riches.
Jusqu’au 6 juin au Forum d’Urbanisme et d’Architecture et de la Ville de Nice.
