Communiqué de presse
L’éternité, si possible
Dans notre histoire contemporaine, l’humanité a été confrontée à son annihilation à plusieurs reprises. Mais pour qu’il puisse imaginer sa disparition, l’être humain a besoin de faits réels où l’eschatologie sort des discours philosophiques ou théologiques, pour s’ancrer dans nos vies et devenir possible. Incidemment, les menaces se sont multipliées, sans jamais disparaître, se greffant plutôt les unes sur les autres.
En 2018, l’exposition Le Cabinet atomique était présentée à La Maison Abandonnée [Villa Cameline] et abordait l’idée de l’apprivoisement au quotidien du fait nucléaire, l’atome incarnant l’énergie du futur et le début de la fin des temps. La proposition présentait ses dangers banalisés : les centrales nucléaires qui s’inscrivent dans le paysage ; des essais en Corée du Nord et en Polynésie ; la gestion délicate des déchets radioactifs. Depuis cette exposition, la pandémie a frappé, la crise climatique fait finalement partie du vocabulaire des puissants et la possibilité d’une guerre nucléaire assombrit l’horizon.
Le projet d’exposition L’éternité, si possible s’inscrit dans cette actualité marquée par la multipolarité des sources de risque. Notre humanité est confrontée de maintes façons à sa grande vulnérabilité. Et en guise de riposte devant les menaces et les transformations de nos sociétés occidentales, on brandit la résilience. Ce mot valise élevé à titre de stratégie, appelle, non pas des actions pour contrer les dangers, mais des réactions pour s’y adapter.
Les artistes invité.es appréhendent ces bouleversements selon leur continent d’appartenance tout en partageant des intérêts pour la géopolitique en cette ère anthropocène.
Par le biais d’œuvres d’art contemporain, visuel et littéraire et le truchement d’un parcours muséographique anticipatif, la fin apparaît, telle une éventualité à la fois absolue et irréelle. Suivant le rythme du tictac de l’horloge apocalyptique (« doomsday clock »), les œuvres affichent un passé irréversible, un présent préoccupant et un futur pour le moins incertain, tout en illustrant ce puissant désir inhérent à notre humanité occidentale, soit celui d’être éternel.
ARTISTES FRANÇAIS
Tom Barbagli (installation) pour son rapport arythmique au temps dans ses œuvres immersives;
Sophie Braganti (poésie) pour ses mots embrassant à la fois des enjeux sociaux- politiques et les relations humaines d’hier et d’aujourd’hui
Aurélien Mauplot (installation) pour ses œuvres-récits fondées sur des propositions à la fois géologiques et anthropologiques
Églé Vismanté (vidéo) pour ses légendes païennes et mythologiques ancrées dans la croyance d’une nature toute-puissante.
ARTISTES CANADIENS
Chloé Beaulac (photo) pour sa recherche sur le sujet de la place de l’humain dans la nature et comment il s’y raconte dans des paysages mémoires en transformation
Martin Bureau (peinture) pour sa mise en forme poétique du désastre
Pierre & Marie (installation) pour ses questions éthiques relatives à nos modes de vie occidentaux et aux défis sociaux et humanitaires de notre époque
Mathieu Latulippe (installation) pour son regard sur notre façon d’habiter le monde et de vivre ensemble.
CO-COMMISSARIAT
Hélène Fincker, Maison Abandonnée [Villa Cameline] (Nice, France)
Jasmine Colizza, Salle Alfred-Pellan de la Maison des arts de Laval (Laval, Québec, Canada)