Cette exposition, imaginée avec Lucien Murat, est le fruit de longues discussions sur les manières de représenter Internet. Comme la fiction met de l’ordre dans la réalité, c’est la voie du conte que nous avons choisi d’emprunter. En filant la métaphore de l’ogre, l’idée de l’exposition est, dans un accrochage un brin maximaliste, de mêler des réflexions sociologiques et esthétiques, sur notre condition et l’évolution de la représentation, notamment picturale, dans un contexte post-internet. Tenter de donner une image à Internet, une image à ce qui les englobe toutes, à leur matrice. La métaphore de l’ogre permet également d’aborder les grands enjeux de l’hypermnésie du net et de l’exploitation des données personnelles à travers l’image de l’ingestion et du réseau, de la surveillance, de la séduction et du rapt, tout en conférant à l’exposition une teinte enfantine, une atmosphère berçant entre l’effroi et la fascination. Aborder les espoirs et les désillusions d’Internet, et particulièrement la manière dont les désillusions étaient en puissance dans l’utopie originelle, et leur inverse, montrer comment la dystopie que construit Internet est toujours hantée par le spectre de l’innocence et du partage.
Je tiens à remercier chaleureusement Suzanne Tarasieve, pour son accueil et sa confiance, les artistes qui ont accepté de participer à ce projet, et nos prêteurs, Laurence Dreyfus, les galeries Allen, pact, Charlot, Julien Cadet, Ruttkowski;68 et le Fresnoy.