Sylvain Rousseau Le Grenier à Sel Avignon

Sylvain Rousseau, Le Grenier à Sel, Avignon

En Avignon, il faut absolument prendre en compte l’existence, somme toute récente, du Grenier à Sel,  où se déploie pour deux mois en deux parties la généreuse et spectaculaire exposition numérique de Samuel Rousseau, sous le commissariat de Véronique Baton. Celui-là mêle habilement les images digitales de ses projections vidéo à des objets récupérés : bidons plastiques devenant immeuble trépidant, conserves à fond d’yeux, flacons médicaux ou parfums se dispersant en fumée, palettes de bois dessinant un parcours, hanté d’une multitude de passants en plein trafic, pneu(s) encerclant un vortex de voitures… Il s’agit d’une part d’illustrer sa vision chaotique de l’effervescence urbaine, d’autre part de nous plonger dans l’univers cosmique, tant que cela nous est possible. Un virus offensif, de bras tendus et poings fermés, au féminin, nous attend dès l’entrée. Puis l’artiste associe sa Palette (de peintre) à un Paysage rupestre en vidéo où défilent des bisons. Samuel Rousseau rappelle ainsi qu’il se situe dans une continuité et utilise les outils et technologies de son temps, ainsi que l’ont fait du leur, avec d’autres moyens plus rudes, nos ancêtres de la Préhistoire. On se trouve alors confrontés à une succession de références urbaines, toujours originales, dont le fameux « Brave Old New world », brassée de buildings newyorkais, projetée, sur support en étoile, broyeuse d’humains, nominée au prix Marcel Duchamp. Les migrants ne sont pas oubliés (bouteilles cassées), ni la fragilité humaine (bougies disposées en ville « en fin d’éternité » sur fond de paysage) et la consommation de gélules revigorantes qui la souligne. Le soleil noir, tout en barbelés, crépite de ses insectes humains qui transgressent les frontières. Dans la deuxième partie de l’exposition, les œuvres se font en apparence plus sereines pour épouser le cycle de saisons (par le truchement d’un véritable tronc de châtaignier dépouillé, mais s’habillant continument au rythme de son ombre numérique, projetée sur un écran en trompe l’œil), ou du grand ballet des astres et galaxies (Soupe cosmique, assortie d’une humoristique cuillère). « Sous les jupes de la voie lactée », œuvre inédite, est sans doute le clou de l’exposition (On s’allonge sous un jupon d’organza, d’où l’on contemple les nébuleuses), laquelle, dans l’ensemble, réserve encore bien des surprises : du Petit con qui crâne avec sa carte bancaire entre les dents à une vision non conventionnelle de la Vénus Willendorf, féconde, malgré sa taille minuscule, en passant par les skates du Board Burg, suspendus, et se rejoignant au sol en ombre chinoise. On frémit toutefois devant les milliers de petits bonshommes qui peuplent le planisphère, sur écran, de guingois. Et pourtant elle tourne ! : C’est justement le titre de cette exposition à même d’émerveiller les petits et de concerner les grands. L’obsession du complexe cerveau réalisé en fil de fer, enfin, devant lequel on ne peut que s’émerveiller, ce dont ne se prive pas l’artiste dans une installation lumineuse, toutefois inquiétante. Maternaprima, vidéo géante, nous rappelle en effet les menaces qui pèsent sur la planète. Sans doute faut-il casser pour mieux reconstruire. C’est le sens de ce téléphone portable cassé, à terre… Que les enfants repèrent avant nous… BTN

Jusqu’au 17 juin, rue du Rempart St Lazare, 0432740531

 

 

 

 

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