Philippe Katerine à Lunel 34

Le mignonisme de Philippe Katerine, Espace Louis Feuillade, Lunel 34
Julien Doré a étudié les arts plastiques avant de devenir chanteur, Philippe Katerine a épousé très vite la chanson avant de s’adonner à une activité prolifique de sculptures et dessins. Précisons qu’il avait suivi, après le Bac, des cours d’arts plastiques à l’université de Rennes. Ses réalisations frappent par leur apparente simplicité, elles sont à même de toucher un large public qui ne craint ni l’humour ni les références explicites à la sexualité. Ses bonshommes rose(s) n’ont pourtant rien de sexy, ils sont même asexués, avec une cicatrice du côté du cœur, comme celle de leur concepteur opéré durant son enfance.
Ils sont courts sur patte, lourdauds, rondouillards, chauves, pas tout à fait les critères de la beauté canonique. Et pourtant mignons dans l’ensemble, pour qui a su préserver son âme enfantine. On pense à des nains de jardin, nus et monochromes. La résine peinte leur donne l’aspect de créatures bubble-gum. Les gens et notamment les enfants adoooorent (sic). Des spécialistes un peu moins qui ne voient l’activité artistique qu’à travers le prisme du sérieux et du sacerdoce existentiel. Les bonshommes pullulent dans l’ancienne chapelle désaffectée, toujours dans des positions différentes : regardant par un trou de porte dans un mur, chevauchant un train du haut de leur arrière-train, tendant leurs bras aux mains à 4 doigts, seuls ou en bandes, parfois habillés… L’esprit facétieux de l’enfance. L’expo comporte également un grand nombre de dessins assez dépouillés, débordant d’ingéniosité et de drôlerie, traitant le sexe avec la dérision qu’il mérite et qui lui convient. Quelques peintures (prenant, sans forcer le trait, le parti mais avec humour, de la cause animale) et même un assemblage d’objets (araignée et statuette religieuse) complètent le tout. On a ainsi un aperçu de la production de ce chanteur décalé qui s’est fait une place dans la cour des grands. En ville un bonhomme rose nous salue sur une place près des Halles, à deux pas du musée Médard ou une fleur étrange, prise en photo, vient narguer le prestigieux tableau de Monet (Jardin de l’artiste à Giverny). Le pistil y est remplacé par le doigt du chanteur. Façon originale de décliner le langage des fleurs. Même si décriée, on ne pourra dénier que cette expo de Philippe Katerine à Lunel ne manque pas de courage ni de retour à l’optimisme. Dans cette ville que l’on a peinte en noir, ne s’agit-il pas d’y voir au fond la vie en rose ? BTN
Jusqu’au 27-09

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