Présenter l’artiste en rock star, comme l’entend le fanzine de luxe Pleased to meet you, fait figure de lapalissade à l’endroit de Présence Panchounette, tant elle est un redoutable groupe de scène, tendance punk rock. « Nous sommes contre le reste et ça a l’air de faire du monde. Héroïsme. » assène-t-elle, de superbe et insolente attitude. Entre 1969 et 1990, Présence Panchounette dynamite les hiérarchies de goût et dé-sublime la culture dominante, dans un combat conceptuel mené en règle, à coup de tracts, attentats et détournements. L’intolérable innocence du vulgaire est dénoncée autant que pillée : de là une tendance à se vautrer dans la pacotille et à militer pour la cacophonie des signes. Musique !
Entre 1969 et 1990, c’est à coup de tracts, de lettres irrévérencieuses ou d’interventions potaches que le collectif Présence Panchounette part en guerre contre le monde de l’art. D’abord actif à Bordeaux, le groupe étend son action à la scène artistique internationale dont il pointe avec un jovial acharnement les hypocrisies esthétiques et les tabous idéologiques. Célébrant l’esprit chounette, faisant l’apologie du pire, du banal ou du vulgaire contre le sérieux de la modernité, Présence Panchounette prend le contre-pied des valeurs et du goût défendus par les milieux culturels les plus influents de l’époque. Ironie du sort, les fanfaronnades du collectif bordelais anticiperont des mouvements propres aux années 1980 comme l’appropriation ou l’art néo-conceptuel qui eux trouveront bel et bien leur place dans les généalogies historiques. Soucieux de ne pas étouffer sa verve dans les mailles pernicieuses du compromis, Présence Panchounette fuira les honneurs et le chant des sirènes institutionnelles avant de proclamer sa dissolution en 1990.
Semiose éditions
Essai de Jacques Soulillou et interview de Catherine Millet
76 pages, français / anglais, piqué, couverture souple
30 x 23 cm
ISBN 978-2-37739-024-3