Manila room, au Frac Occitanie

Manila Room, au Frac Occitanie, Montpellier
Le Frac démarre sa saison en nous conviant à une expérience aussi fascinante que déroutante, auquel adhèreront d’emblée tous les familiers des récits effrayants qui circulent sur le Net et les réseaux sociaux. Manila room, Creesypasta, No clipper, Out of blue, backroom…Tel est le vocabulaire avec lequel il vaut mieux se familiariser si l’on veut entrer de plain pied dans le foyer familier de Ziti et Orzo, alias Chloé Viton et Geoffroy Baudel, mais sous l’aspect de leur double masqué. Leur sosie en quelque sorte. En fait, le Frac devient le foyer d’une intrusion du fantastique dans le réel et de la concrétisation d’entités virtuelles dans le présent. De quoi surprendre et inquiéter. Il faut imaginer un parcours à base d’objets, comme dans les jeux vidéo, censés servir d’obstacle et nous préparer à aborder une dimension différente. En l’occurrence, à ce film, préalablement enregistré, qui clôt l’expo, en lequel le duo complice se livre à la performance, dans une atmosphère en clair obscur, en une heure quarante, autour d’un rituel sacré. Il s’agit d’une déambulation en trois stades (exhumation, procession, célébration) autour du théâtre de La Vignette. Au Frac, le parcours se déroule en 7 étapes de surcroît ce qui souligne le caractère sacré du rituel. Au fond, cela rappelle en plus sophistiqué l’histoire d’Alice et une référence est faite au trou du fameux lapin grâce auquel on change d’épisodes. La photo qui nous attend à l’accueil donne le ton, qui présente les deux protagonistes à l’œuvre devant le fameux trou. Ensuite on suit un parcours labyrinthique et doré d’où émergent des objets glaçants et glacés, avec une énorme présence du métal chirurgical. Une installation autour d’une table d’autopsie, assortie de lambeaux de papier sur le modèle des pâtes dites de Putticana (prostituées). Derrière la cloison, un alignement régulier de parapluies noirs, sans doute en référence aux créatures qui vivent dans l’obscurité, et qui ont tant nourri notre imagination : les chauves-souris, mais aussi en référence aux enterrements pluvieux. Sont présentés aussi les masques en latex de la performance et leur matrice en plâtre, creusées dans la cloison. Enfin, des dessins muraux réalisés sous hypnose. Comme on le voit on est bien dans un monde de l’entre-deux, intermédiaire. Un nouveau mode d’expression issu de la technologie actuelle, mis au service de la création artistique. Encore une porte qui s’ouvre au champ de recherche infini des artistes. Et une nouvelle preuve de la fascination pour l’hybridité qui hante l’esprit des jeunes artistes. BTN
Jusqu’au 22-12

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