A la manière d’une liane, poreux à l’environnement où nous vivons, nous tissons des relations fertiles avec d’autres vivants. Nos œuvres trouvent des accroches, des dynamiques nouvelles, des interrelations, des pousses. Celles-ci composent un espace de germination de lianes. Ensemble nous cherchons à restaurer des liens avec la nature, la vie au cœur du jardin, une résonance à l’échelle du lieu, à l’intime et à celle de l’environnement, voire du cosmos.
Lianes spontanées, cultivées, proliférantes et soutenues, grimpantes, indigènes, résilientes, hémi-épiphytes, transversales, empathiques, ces plantes fascinent autant qu’elles invitent à nous interroger sur leur relation à l’architecture et avec d’autres végétaux. Elles déploient différentes stratégies pour atteindre le sommet des arbres et la hauteur d’un bâti. Leur adaptabilité à différents milieux nous inspire et nous amène à y voir un allié pour penser notre place parmi les vivants.
Emmanuelle Briat déploie une nouvelle installation de lianes, prenant place dans l’architecture épurée de Plateforme. Le végétal révèle à la fois sa force et sa souplesse. L’artiste établit un corps à corps avec ces plantes qu’elle a récoltées lors de déplacements.
Valérie Crenleux donne à voir les pétiolules de clématites sauvages qui attirent sa curiosité. Avec elles, l’artiste dessine des écritures anciennes et construit un langage. Par la légèreté de leur mouvement, les pétiolules nous invitent à les suivre pour imaginer leur développement. Ces vrilles volubiles se fixent à toutes sortes de supports.
Dans un accrochage de la terre au ciel, les dessins de Pauline Lisowski, entre lianes et racines, font apparaître des jardins de mémoire : des lieux refuge où entrer en connexion avec ces plantes qui se relient à d’autres et trouvent appui sur différentes structures. Dans son jardin, l’artiste jardinière laisse ces espèces grandir, chercher la lumière et des accroches. Elle accompagne le vivant dans sa croissance à la fois en le guidant et en observant son développement.
Plus loin, du lierre grimpant, par sa structure épurée, recouvre un pilastre. Valérie Crenleux invite à changer de regard sur cette plante mal aimée, dont on oublie les vertus : elle est porteuse de biodiversité, lutte contre la chaleur urbaine et possède des propriétés dépolluantes.
Les poèmes de Marc-Williams Debono ponctuent cet espace luxuriant et invitent le spectateur à penser les plantes, à découvrir leurs propriétés surprenantes, leur sensibilité extrême, leur capacité à proliférer, de communiquer, à s’entrelacer tels des amas à la fois légers et d’une grande puissance.
Faire liane ensemble permet de faire fructifier notre imaginaire et nous inspire des gestes, des collaborations polymorphes entre nos pratiques respectives.
Ainsi, cette exposition, tel un jardin, invite à cheminer avec le végétal à la manière d’une chorégraphie.
Collectif Faire liane
Emmanuelle Briat, Valérie Crenleux, Marc-Williams Debono et Pauline Lisowski
