Exposition « Van Gogh et les étoiles », 10 ans de la Fondation Van Gogh, Arles, du 1er juin au 8 septembre 2024

Fondation Vincent van Gogh, Arles

Exposition Van Gogh et les étoiles

(pour les 10 ans de la Fondation)

Du 1er juin au 8 septembre 2024

 

 

Regarde avec les stars

 

 

Dix ans déjà. Un anniversaire demeure un événement à célébrer dans la joie, mais aussi avec des bougies sur un gâteau. Elles deviennent des étoiles pour accompagner cette manifestation internationale et locale qui se déroule autour d’un tableau de Van Gogh, la fameuse Nuit étoilée sur le Rhône, réalisée en septembre 1888 à Arles. Il a été prêté exceptionnellement par le musée d’Orsay. Ainsi, 75 artistes forment une galaxie autour de ce légendaire 76ème, éclairant d’un jour nouveau et différent les rapports tant artistiques que scientifiques, de différentes époques, allant par ordre alphabétique de Juliette Agnel à George Frederic Watts, en passant par Tony Cragg, Gloria Friedmann, Anselm Kiefer, Meret Oppenheim, Odilon Redon, etc. Bice Curiger et Jean de Loisy, commissaires d’exposition, signent une monstration spatiale, à la fois éclectique, didactique, et même poétique.

 

7 chapitres permettent de naviguer dans cette mer étoilée comme suggéré par le catalogue : « Ténèbres » (I), « Firmament » (II), « Cosmos » (III), « L’atelier de l’astronomie » (IV), Lumières dans la ville » (V), « Les spirales du ciel » (VI), « Observatoires sacrés & chemins de l’âme » (VII) ; parcourons-les de façon aléatoire avec quelques œuvres significatives.

 

Commençons avec Le Portrait de Novalis (1943) de Victor Brauner qui nous entraîne dans la mouvance si singulière de ce surréalisme roumain, français et juif. Ce dessin à la bougie présente le grand poète allemand en position de voyant, regardant conjointement un soleil et un croissant de lune. Une vision intérieure réalisée avec peu de moyens dans cette France occupée où la magie continue de briller malgré tout.

Daniel Tremblay et son installation Sans titre (Pisseur en l’air) (1981) où une silhouette émet un jet d’étoiles qui monte aux cieux avant de retomber sur terre. Cet artiste, mort trop jeune à 35 ans d’un accident de voiture en 1985, demeure éternellement « un prince des étoiles ». Un beau clin d’œil où la trivialité apparente de l’acte nous entraîne dans la magie des sphères. Une grande émotion nous saisit à chaque présentation d’une de ses compositions.

Félicie d’Estienne d’Orves explore le cosmos depuis bien longtemps déjà avec beaucoup de talent. Sa série Light DNA – Cassiopée A, Kepler et Tycho (2019) a été réalisée en collaboration avec l’astrophysicien Fabio Acero. Trois œuvres composées à partir des données spectométriques de trois supernovae. Les couleurs correspondent aux éléments chimiques comme le néon, le magnésium, le silicium, le souffre, etc. Lui répond une très intrigante installation d’Alicja Kwade, Superheavy Skies (2022) où des blocs de pierre se trouvent maintenus dans l’espace par une fragile armature mobile en métal. La science et la poésie finissent par se rejoindre dans une interrogation réciproque.

Poursuivons avec une sorte de talisman créé par l’écrivain Raymond Roussel, Etoile cosmique (1923). Lors d’un déjeuner chez Camille Flammarion, l’écrivain s’empare d’un petit biscuit en forme d’étoile et le conserve dans une boîte d’agent à couvercle de cristal, accompagné d’une note manuscrite expliquant le contexte. Georges Bataille, autre grand écrivain, retrouvera l’objet lors d’un marché aux puces et l’offrira à Dora Maar. Des astres au ciel en passant par une friandise étoilée, naît un bijou conceptuel.

Surgissent deux grandes dames de la peinture américaine. L’incontournable Georgia O’Keffe et son énigmatique Starlight Night, Lake George (1922), qui apparaît comme une sorte de clin d’œil à Van Gogh, mais dans le cadre d’un silence assourdissant. Et l’immense Helen Frankenthaler avec Star Gazing (1989) qui nous interroge sur la perception des étoiles face aux éclairages urbains. C’est dans cet apparent chaos que prend place cet univers aqueux et mouvant, fort éloigné d’un titre voulu très littéral. L’infini se trouve au bout de la périphérie.

Dans le cadre des spirales, se trouvent retenues deux œuvres historiques italiennes. L’une de Giacomo Balla pour la période héroïque du Futurisme, Il pianeta Mercurio passa davanti al sole (1914), vision à la fois réelle mais aussi spirituelle liée à l’énergie vitale ; l’autre de Lucio Fontana intitulée Concetto spaziale (1951), huile et sable sur toile trouée, proprement magique.

Enfin dans l’avant-dernière salle du haut, une grande installation de Mariko Mori, Miracle (I-VIII) de 2001 qui suggère un monde sans début ni fin. Reprenant la théorie bouddhiste de la réincarnation, elle nous place devant une réflexion philosophique soutenue par ses tondos cosmiques.

 

Et toutes les autres œuvres non évoquées ici…

 

Finalement, ne serions-nous pas, à un certain niveau, nous aussi, les enfants des étoiles ?

 

 

Le Chat Messager des Arts – actualités artistiques : http://lechatmessager.blogspot.com

 

Posts created 10

Articles similaires

Commencez à saisir votre recherche ci-dessus et pressez Entrée pour rechercher. ESC pour annuler.

Retour en haut
error: Content is protected !!