Texte seul du catalogue de l’exposition [Nançay, galerie Capazza, 23 mars-7 décembre 2025 ; Ancay-le-Viiel, le château, 29 mars-28 septembre 2025], Nançay, galerie Capazza, 2025, 66 pages, couverture cartonnée, 25,5 x 19,5 cm.
« La taille directe est une piètre expression : elle fait athlète, sonne bûcheron. Elle héroïse une pratique qui, si elle met en jeu des muscles, et un corps, relève également de la douceur, et de la délicatesse. Hercule et Vulcain savaient tailler, certes ; ils n’étaient pas pour autant des sculpteurs. C’est une chose de tailler, de soustraire de la matière, c’en est une autre de le faire directement, sans recourir à un modèle séminal qui, par un processus de translation ou d’agrandissement, est traduit mécaniquement, voire homothétiquement, dans le bloc inerte. La taille directe suppose une idée que l’on suit, si j’ose dire, à l’aveugle ; la cosa mentale s’incarne par l’allegro du geste, à la manière de l’écrivain qui poursuit une pensée que seule couche (touche ?) la main. C’est en forgeant que je deviens forgeron, c’est en écrivant que je deviens écrivain, c’est en taillant que je deviens tailleur. Tautologie merveilleuse, car immédiate, sans médiation, quand la main est une idée qui travaille. Ils sont rares à savoir faire cela. Denis Monfleur sait, lui. »
