Françoise Pétrovitch, Jean-Marie Appriou, Moco et Panacée, Montpellier


Françoise Pétrovitch au Moco ; Jean-Marie Appriou à la Panacée
Deux artistes assez différents que réunissent cependant une certaine prolixité et le recours à la figure même si elle traitée de manière radicalement différente, voilà ce qui nous attend au Moco et à la Panacée cet été. En tout cas, deux monographies consistantes à même de séduire à la fois le grand public et les initiés. Françoise Pétrovitch peut se targuer d’avoir su demeurer fidèle au medium pictural qui l’a fait connaître à une époque où il était de bon ton de le critiquer voire de le censurer tous azimuts (c’est drôle, personne ne s’en souvient aujourd’hui !). Elle se retrouve ainsi en situation de pionnière et sans doute parmi celles que l’Histoire retiendra. Le titre même Sur un os, traduit la solide fragilité de l’artiste, pris(e) entre son univers intime et les pressions du milieu dans lequel il (elle) est amené(e) à évoluer, hostile ou au contraire trop enclin à tout accepter. Pas facile de s’y orienter. C’est la raison pour laquelle François Pétrovitch peuple ses tableaux de portraits d’adolescents, ces êtres en devenir et, dans le même temps, baignés d’incertitudes et en conséquence d’angoisses. On en voit beaucoup dans cette expo en boucle, démarrant sur des séries de portraits en plein sur un fond vide et se terminant des visages vides ou effacés sur un arrière-plan peint. Entre temps, une plongée dans diverses expérimentations de l’artiste à la recherche de sa voie, sur cartes postales ou incluant de féminines broderies sur toile. C’est pour mieux nous préparer au choc de la grande salle, avec les portraits géants à l’huile qui occupent les murs de l’étage dont un impressionnant polyptyque. Les jeunes, souvent saisis dans une attitude qui interroge, s’y retrouvent sublimés, transfigurés, d’autant que l’instant saisi est immortalisé sur la toile. Une série de dessins au lavis, alternant, portraits solitaires ou en couples, et paysages leur fournissant un contexte distant (plus ou moins apocalyptique), occupent tout un pan de mur. Le rez-de-chaussée nous plonge dans une installation immersive à base d’images en mouvement. Sur un écran tendu, on assiste à la naissance sur plaques de verre, d’une Histoire de papillons, assez proche de l’esprit de l’enfance. L’ambiance est feutrée, brumeuse, comme en rêve. Enfin au sous-sol, entourées de toiles Sans teint, un aperçu, en moyens et tout petits formats, de la production sculpturale de François Pétrovitch, en bronze ou céramique. On retrouve l’impression d’indécision dite aussi d’entre-deux dans l’hybridité des créatures imaginées par l’artiste, de même qu’une certaine ambivalence au niveau du sens. Je pense à Dans mes mains (protectrices ou prédatrices ?). Ou à la petite fille en équilibre sur un fémur d’ogre. Sur un os. Une expo bien conçue, à même de bien mettre en valeur l’univers si particulier de la peintre, bien en phase avec les périodes d’incertitudes que nous traversons..
Changement d’ambiance à La Panacée où l’impression de légèreté des tissus et couleurs laisse place à du lourd. Il faut dire qu’il s’agit de sculpture (et quelques gravures géantes) : de la fonte à l’extérieur avec des barbecues en forme de coquillages (thème du feu), de l’aluminium ou du bronze à l’intérieur, adoucis parfois par la présence du verre : dans les Lucioles qui hantent les couloirs, dans la tête humaine qui couronne Lighthouse watcher (sorte de colosse jouant le rôle de phare antique), ou les appliques multiples illustrant le thème de l’éther, la cinquième essence, titre du parcours. Les éléments sont en effet primordiaux dans l’univers de Jean-Marie Appriou, qui illustre successivement celui de l’eau (avec en particulier une barque sur pilotis de rames et invitant au voyage, ou encore une vague au sol, et des grottes marines abritant des mains fantastiques), en étroite collaboration avec l’action bénéfique du vent (le grand mural en aluminium patiné intitulé Event Horizon). Deux salles sont consacrées à la Terre, avec des œuvres majeures telles que ce rideau d’épis de maïs (Crossing the Parallel world) ou encore, au sol, comme fauché par le vent, Breath of the suns, qui annonce le thème de l’air. La grande salle est impressionnante car rythmée par la vision particulière que l’artiste nous propose des 12 signes du zodiaque : Le cancer, le Capricorne, le Poisson, Le lion etc. Au centre, trône un cosmonaute des temps futurs ou de l’imaginaire. Reste à découvrir la pertinence de cette production, qui ne lésine pas avec les références mythiques et lorgne quelque peu aussi du côté de la science. Sans doute répondent-elles aux incertitudes de sa consœur. L’angoisse, au présent, du futur, peut en effet se voir contrecarrée par les certitudes sur lesquelles s’appuyer et qui émanent du passé, nos mythes et cosmogonies. Et parmi les émanations de celui-ci, le traitement du métal, l’histoire d’une technique et d’un art, sur lesquels s’appuie, sans complexes, Jean-Marie Appriou. BTN
Jusqu’au 28-09 (JMA) et 02-11 (pour FP)

Posts created 167

Articles similaires

Commencez à saisir votre recherche ci-dessus et pressez Entrée pour rechercher. ESC pour annuler.

Retour en haut
error: Content is protected !!