MAINTENANT, L’ORIGINE

Catalogue avec un entretien entre Martin Miguel et Raphaël Monticelli

Introduction du catalogue  par Bertrand Roussel, directeur des musées d’archéologie de Nice

Préhistoire au cordeau

Depuis quelques années, Martin Miguel utilise des formes issues des figurations animales de l’art pariétal préhistorique. Il puise principalement dans le corpus formel de la grotte Chauvet, en Ardèche, et de la grotte de Lascaux, en Dordogne. C’est pour cette raison qu’il nous a paru important de présenter son travail au musée de Préhistoire de Terra Amata.

Pour constituer ce dessin, il met à profit ce qu’il appelle des « cordeaux souples ». Partant du cordeau tendu du maçon, il s’est mis à employer des cordes en lin, puis du fil électrique ou du fil de fer, pour réaliser des images d’abord abstraites, laissant le cordeau prendre une forme au hasard. Puis, il a cherché à introduire le dessin. Toutefois, il ne voulait pas utiliser de formes qui lui appartiennent afin d’éviter tout affect et laisser sa place à la raison. Les figurations préhistoriques sont arrivées là comme une évidence, une évidence pour faire référence à l’origine ou plutôt aux origines du dessin et de la peinture, mais également au principe originel de sa propre œuvre qui est un « travail pariétal » qui questionne largement la notion de mur.

Si les premières formes d’art ou, du moins, les premiers objets à caractère non fonctionnels remontent au plus tôt au Paléolithique moyen et à l’Homme de Neandertal, le grand art pariétal peint et gravé du Paléolithique supérieur date d’environ 36 000 ans, en Europe. C’est à partir de cette époque que se développe le bestiaire utilisé par Martin Miguel : rhinocéros, cerf, taureau, cheval, félin, ours, etc. L’artiste s’approprie les formes originelles. Cependant, si Martin Miguel se sert des figurations paléolithiques, il s’en détache également. En effet, les artistes du Paléolithique supérieur utilisent souvent les formes de la paroi pour révéler les animaux ou les signes qui y sont inscrites. On peut parler d’une sorte de paréidolie ; les hommes soulignant une forme déjà présente dans la pierre. Le support est donc central dans l’art paléolithique. Chez Martin Miguel, la paroi n’existe pas encore quand le dessin est construit. Le support est limité à sa plus simple expression, à la table de l’atelier, c’est-à-dire le lieu où tout commence, le lieu de l’origine de l’œuvre.

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