Nouvel accrochage des Collections Musée Reattu

Réattu Réinventé, Musée Réattu, Arles

Arles est la ville de toutes les surprises. Après Luma, Les Fondation Van Gogh et Lee-Ufan, les Rencontres…, voici que le Musée Réattu renouvelle ses parcours en mêlant les époques, les médiums et les genres de manière à susciter une approche nouvelle de ses riches collections. D’abord, en confrontant les œuvres vouées au passé, pour la plupart académiques, à des expressions nouvelles, plus particulièrement empruntées à la photographie que chérissent les conservateurs successifs, on comprend aisément pourquoi d’autant que Réattu a été le premier musée à lui ouvrir ses portes (On retrouve d’ailleurs Lucien Clergue en cours de visite). Mais aussi la vidéo  (Christine Crozat, Mélina Jaouen), la sculpture (Richier et son Griffu, Pagès, Zadkine), la peinture (Alechinsky, Picasso)… Ainsi, le public attiré par le passé pourra vérifier que le Le présent n’a rien à lui envier et inversement les happy few découvrir le patrimoine et les sources. Ensuite, en réservant certaines salles à des œuvres spécifiques : Julie Rousse en la chambre d’écoute (Département d’Art sonore, encore une innovation !) pour un work in progress électro-acoustique inspiré des métamorphoses du Rhône voisin ; Katerina Jebb investissant la galerie gothique de ses Nus sans titre, à échelle humaine, dans des positions diverses empruntées à des réminiscences picturales, selon une technique du fragment scanné tout à fait surprenante. Corinne Mercadier présente ses Annonces 1 glanées dans la ville camarguaise, dans un esprit surréalisant et insolite  qui contraste avec les Arlésiennes hiératiques, plus vraies que nature de sa consœur Katerina. Jean-Pierre Formica intervient dans le salon des Commandeurs avec une impressionnante cargaison de multiples colonnes plus ou moins achevées, en céramique émaillée ou brute, disposées en forme de bateau et dialoguant avec l’Alcibiade mourant de l’ancien résident des lieux, et notamment son atelier, Jacques Réattu soi-même. Dans la proximité bienveillante d’un Colisée tapissé​, bien animé, héritage des chevaliers de Malte. ​Et un esprit de transmission de notre mémoire. Enfin en regroupant les œuvres anciennes, jouxtant les plus récentes, en 5 thèmes : l’Histoire, le Portrait, le Corps (et son corollaire : la Vanité !), le Paysage et l’Image. Vaste programme. Une tête classique voire académique partage l’image avec une Gueule d’Antique du photographe Hervé Hôte. Bel exemple d’hybridité dans la complémentarité. A La vision de Jacob, néo-classique, de Réattu, correspondent les corps actuels, dans des poses similaires,  de Javier Perez dans sa série Oda ou l’extraordinaire paysage maritime de Gaspard Noël en lequel le minuscule corps de l’artiste paraît se perdre et se retrouver. Les portraits d’Hemingway par Yousuf  Karsch et de Virginia Woolf par Gisèle Freund actualisent celui d’un anonyme barbu style Tintoret ou d’une dame des temps jadis, à la mine un peu triste.  Aux environs de Rome, paysage éternel, se combinent les taches noires de frondaison d’Astrid de la Forest ou le nuage  du Mercredi 4 nov 2021, de  Caroline Duchatelet. Un Réattu est définitivement restauré : Narcisse et son Echo​ nymphique. Christine Crozat essaime des copeaux de savon d’Alep devant un superbe portrait de la fille du maître, mécène et légataire du musée. On retrouve Formica au rez-de-chaussée, avec des bronzes de modelage manuels, un Georges Rousse en anamorphose et une œuvre en arc de cercle de Toni Grand, transfuge du cloître St-Trophime. Je n’ai fait qu’ébaucher les multiples raisons de s’émerveiller de ce nouveau parcours. Réattu joue décidément dans la cour des grands. Comme son écrin citadin : la ville d’Arles. BTN

Jusqu’au 29-03.

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