Les 50 ans du Parvis de Tarbes

Future is now, Parvis de Tarbes, Ibos (65226)

Cinq décennies au compteur que l’art contemporain hante ce lieu original, entre une salle de théâtre ou de cinéma et un supermarché périphérique. Et en 50 ans, il s’en passe des choses dans le milieu de l’art. Qui se souvient par ex. de l’hyperréalisme des carrières antiques d’un Bruno Schmeltz, des assemblages textiles de Josep Grau-Garriga ou de l’inventeur de l’Art Nul, Jacques Lizène. Parmi 50 artistes retenus (sur 600 exposés) l’éclectisme est de rigueur : des photos d’Amants fantômes de Martine Aballea ou des marbres, verts et géométriques, de Saädane Afif, aux complexes rideaux à lamelles de Jacques Vieille et aux mobiles, sur bois divers de Xavier Veilhan. En passant par la mortadelle décomposée de Michel Blazy, les néons de Bertrand Lavier ou la vision du créateur selon l’inventif Philippe Ramette. Toutes les générations se côtoient : d’un côté on redécouvre l’Eloge de l’envie au corbeau noir du regretté Erik Dietman, ou une paysage épuré de la doyenne Tania Mouraud, ou encore l’installation du néo-géo John M. Armleder qui associe sofa et peinture, tandis que Joël Hubeaut remodèle le buste du clown de Mac-Do. Mais de l’autre, on note la présence de Caroline Corbasson, ses  dessins au charbon, sa fascination pour l’univers astral, et de Bianca Bondi (Reliquaire composé de fleurs séchées sous vitrine avec encensoir et boule d’eau bénite, Lourdes n’est pas loin). Comme quoi les filles rattrapent le passé perdu. Passé et présent se réunissent pour donner une assise au futur. Nils Alix Tabeling s’inscrirait plutôt dans la mouvance Queer (cardons sensuels, à l’huile sur toile). La Peinture ne s’en sort pas si mal, malgré sa fin maintes fois proclamée : elle a ses praticien(ne)s reconnu(e)s et plutôt à l’aise avec la figure : Nina Childress et ses portraits néo-pops, Damien Deroubaix (intrigante Jeune fille et la mort), Philippe Mayaux (Eden Rock, en très gros plan sur Eve), Claire Tabouret toute en mélancolie feutrée, Djamel Tatah (et ses portraits anonymes), Barthélémy Togo et un buste de profil tout en bras allongés… Un peu à part, Laurent Grasso revisite notre passé artistiqueet ses paysages. Franck Scurti conçoit un tartan de métal égrené de mégots. Le dessin aussi aura connu également un net regain d’intérêt : En témoignent les Paysages et concepts de Jean-Luc Verna, la précision d’un Jérôme Zonder (rayons piranésien de supermarché), et les expériences utopistes de l’Atelier Van Lieshout. Entre les deux, certains mêlent peinture et dessin, le médium important moins que l’expression d’une pensée : Fabrice Hyber (Thème du sol, en l’occurrence soldats de maïs), Alain Séchas et ses chats contant fleurette et Nick Van de Steeg, extrayant deux œuvres de sa Maison de la matière première. Quelques photos : à la poussière (des cimes) de Lionel Sabatté, un visage de jeune fille d’Ange Leccia, un combatif ballet au féminin de Virginie Barré, un étrange ado d’une autre dimension, de Gisèle Vienne. Côté sculpture, il s’agit surtout d’assemblages de choses : l’homme à tête d’objets (du quotidien), de Daniel Firman, un tabouret au sucre de Marco Godinho,  une œuvre en verre et sable de Kapwani Kiwanga, un très beau Cria cuervos d’Arnaud Labelle Rojoux, une Taupe debout, de Philippe Quesne, une sculpture hystérique de Berdaguet et Berjus, les cordes bicolores de Delphine Coindet, les lames de scie plantées dans le mur de Mounir Fatmi, les piques manifestantes à poings fermés d’Alain Declerq. Le rapport au concept, au langage est représenté par le montpelliérain Pierre Joseph (Recherche Histoire désespérément) et aussi par des collages muraux de Claude Closky, sans doute aussi le livre d’or sur Lacan de Dora Garcia. Céleste Boursier-Mougenot recourt à la gravure afin de capter le fameux son blanc. Enfin, certains ont choisi la vidéo : Caroline Mosquita en s’appropriant le mythe de Pygmalion et Xavier Boussiron en imaginant une série inspirée du confinement et du malheureux Prisonnier, feuilleton des temps jadis. Le mot de la fin ira à la dernière exposante : Ulla Von Brandebourg, magicienne du décor théâtral mais on pourra voir une aquarelle représentant deux femmes avec fusils : sans doute pour abattre les préjugés et l’on sait qu’en la matière, il y a du peint sur la planche… BTN

Jusqu’au 15-10

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