Claudie Dadu, Chapelle du Quartier Haut, Sète

La Chapelle du quartier Haut, rue Borne à Sète, célèbre l’Hiver avec les deux Pôle Hair, de Claudie Dadu. Partant d’une démarche performative relevant de l’art corporel (On l’a souvent croisée jouant les Femmes à barbe), l’artiste s’est petit à petit concentrée sur l’exploration des vertus graphiques de ses très longs cheveux noirs. Avec une dextérité et une maestria qui n’appartient qu’à elle, Claudie Dadu a ainsi conçu un nombre incroyable de dessins réalisés à partir de la seule ligne organique de ses attributs capillaires. Un cheveu, ayant terminé son cycle vital, suspendu sur la feuille de papier, accédait en quelque sorte à la pérennité de l’art. Il pouvait s’agir de portraits (célèbres ou familiers), de signes dont on a fait une langue, de scènes érotiques, renforçant l’impression d’intimité que connote ce matériau corporel. On retrouve de ces portraits le long des murs et dans le chœur de la chapelle, dont certains se prolongent en polyptyques. On y reconnaît Orlan, Verna, Ben, Othoniel, Corpet, Boitard… Un titre de Philippe Katerine sert de prétexte à une série sur le langage des signes. On découvre, plus intimiste et ironique, une série d’ « érotifleurs ». Les 9 dessins sur l’ange Gabriel et la vierge Marie ne sont pas recommandés aux enfants de chœur… Hommage est rendu aux étangs et à la moule en général. La lettre Q est particulièrement inspirante, des deux mains. Bref on retrouve la plupart des séries qui ont permis à Claudie Dadu de se faire un nom dans ce milieu où il n’est pas aisé de sortir du lot (On a pu la voir chez J.P. Barrès, au Réservoir, chez Dupré et Dupré…). Plus récemment, son œuvre s’est intéressée à la mise en volume de ses traits – de prédilection. Sa rencontre avec des objets détournés de leur fonction et récupérés (dans une perspective écologique) allait s’avérer déterminante. Il s’agit du mobilier sanitaire, dont on sait la fortune qu’il connut grâce à la signature d’un pseudo de Marcel Duchamp rebaptisé Herr Mutt (« Hair Mutt », pour cette adepte du ready made familier). Claudie Dadu imite ainsi à la perfection de fines fissures en trompe-l’œil. On est alors dans l’ambiguïté puisque d’une part le dessin est abstrait, un peu comme le trait dessiné par tel cheveu qui demeure dans le lavabo après la toilette, mais que d’un autre côté, il est concret en tant que fêlure, identifiable comme telle. La dualité abstraction/figuration n’a plus lieu d’être. Il convient de s’approcher pour y voir de plus près. Les œuvres sanitaires recourent à un mode d’emploi temporaire qui les désigne comme éphémères. Elles sont fragiles, comme tout ce qui touche au vivant, à petite ou à planétaire échelle. Intéressée par l’art du Kintsugi japonais, Claudie Dadu fait référence à la banquise qui se craquelle pour nos plus grandes inquiétudes. C’est le sens des installations qui occupent la chapelle : ce long point d’interrogation au sol, formé de nombreux lavabos, de porcelaines, de dessous de verre en miroir, de figurines animales, polaires… On note la présence d’un manchot, grandeur nature, sur un radeau de fortune, qui oriente l’interprétation. Et d’un grand nombre de petites compositions aussi drôles, si le sujet n’était pas aussi grave, que pertinentes (« Sanit Hair », Peace and love, les 3 Marcels…). Deux compositions attirent particulièrement l’attention : une Vanité, intitulée Reste avec moi et qui met en exergue une urne funéraire en forme de visage ; une installation à l’accueil qui projette l’ombre des objets brisés sur les murs. Drôle mais tragique aussi. Ainsi avec un simple trait d’ordre intime, appelons-le subtil, l’artiste finit-elle par toucher à des problèmes qui confinent à l’universel et qui nous pendent au nez (d’où la nécessité de s’en approcher). On a presque envie, poursuivant

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