BeauBadUgly au Miam (Sète)

Beaubadugly, Miam, Sète

Cette nouvelle exposition du Miam questionne, une fois encore, mais plus encore que les précédentes sans doute, nos certitudes en matière de peinture, et notamment de celle que l’on dit contemporaine. L’exposition est en effet conçue sur deux étages, l’un réservé à l’art que l’on a toujours considéré comme marchand, parce que destiné à un public populaire et peu enclin au recul critique (Les princesses à licorne et  à l’eau de rose de Robin Koni, les gamins en pleurs de Giovanni Bragolin, les poulbots de Michel Thomas), l’autre à quelques figures renommées de l’art contemporain puisque l’on y trouve un artiste aussi respecté que Gasiorowski, aujourd’hui décédé, ou un inévitable portrait en pied de Pierre et Gilles, toujours aussi irrévérencieux et kitch à souhait, et même le cézannien Philippe Katerine, connu pour d’autres raisons. En fait, les seconds, sous la houlette de Nina Childress, orfèvre de peintures plus ou moins floutées, ne se différencient souvent des premiers que par le recul critique qui caractérise leur regard sur ce type d’art méprisé. Ainsi des très humains chiots de Tursic et Mille, montés sur socles déplaçables, et s’apparentant à une peinture-sculpture, le Nu fessu de John Currin qui fait écho aux portraits de femmes idéales du premier (Charles Mac Phee, JH Lynch ou Louise Shabner, section Représentations féminines), les caricatures de poulbots pisseurs par Mathias Collins, ou les motifs floraux, toutes fleurs ouvertes, de Pierre Ardouvin. Une œuvre monumentale permet de relier les deux niveaux et de poser ouvertement la question de ce qui distingue les deux tendances antagonistes. Gabriele di Matteo qui occupe, de 300 marines et mimosas, l’intégralité d’un long mur sur plusieurs rangées, a sollicité des peintres commerciaux travaillant à la chaine. Son geste d’appropriation générale est conceptuellement contemporain, post-duchampien pourrait-on dire,  mais qu’en est-il de chaque contributeur, partie intégrante de cet immense tout ? La répétition, la série suffirait-elle à faire basculer dans une catégorie supérieure (celle de l’étage précisément). Symboliquement, l’expo s’ouvre sur une vidéo qui nous permet d’explorer cet art dit marchand et se clôt sur les multiples portraits que Hsia-Fei Yang a fait réaliser d’elle place du Tertre, peu réputée pour la qualité de ses artistes – et pourtant ! Bien étayée par les choix de Jean-Baptiste Carobolante, l’exposition permet de découvrir ou de mettre un nom sur les ténors de l’art marchand. Ainsi de Vladimir Tretchikoff (dans la section des peintres-stars), infatigable pionnier du visage féminin, asiatique ou africain, de Stéphen Pearson et ses couples adamiques, à l’abri sous les ailes d’un cygne, pas si éloigné d’un certain surréalisme (section fantastique), de Tracy Newton avec ses paysages idylliques, sans présence humaine (Section exotique). Une immense impression de Margaret Keane, qui a inspiré un film à Tim Burton, nous attend dès l’accueil. On retrouvera cette artiste dans la section Représentations d’enfants. Bernard Buffet fait quant à lui des stars, son expressionnisme misérabiliste l’ayant injustement discrédité aux yeux des élites. Côté contemporain on signalera les contributions de Richard Fauguet (Femme à poils), Cyril Duret (le chanteur pour midinettes, C Jérome, sur sa moto) ou Stéphane Zaech, lequel pose clairement la question de l’affreux Ugly dans le titre. Quant au sous-titre : Une autre histoire de la peinture. Il ne laisse pas de questionner, même si l’art contemporain ne se limite pas à la Peinture. Il s’en faut. BTN

Jusqu’au 09-03-25

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