Même les soleils sont ivres, Collection Lambert, Avignon


Même les soleils sont ivres, collection Lambert, Avignon
Placé sous le signe du projet Avignon, terre de culture d’un côté, et d’une citation d’Albert Camus associé le temps d’un livre à la photographe Henriette Grindat de l’autre, cette exposition mêle littérature et arts plastiques, passé et présent, films et installations. Le tout sous la houlette énergique du mistral, à son souffle puissant et même à celui qui s’est illustré en son nom propre, le poète occitan prénommé Frédéric, l’un des premiers prix Nobel de littérature, dont les vers puissants courent sur un pan de mur. Tout comme ceux de Pétrarque le long d’un long couloir grâce auquel nous passons des vidéos sur une plage tempétueuse, de Joan Jonas, bien dans l’esprit des années 68, aux lustres mobiles et sonores de Susanna Fritscher sur fond blanc immaculé. Des textes de Roger-Gilbert Lecomte (Le grand jeu) accompagnent le ballon en hélium de Céleste Boursier-Mougenot, muni d’un micro enregistreur, et se déplaçant dans l’une des premières salles de l’Hôtel Montfaucon. Sur le même niveau, on appréciera la façon dont Roni Horn s’approprie, en sculpture et alu, la poésie d’Emily Dickinson, la recluse, qui eût bien besoin de l’air que lui insuffle Spencer Finch grâce à un ventilo. Et la maquette de ville coréenne surplombée d’une grue, carillonnant au souffle du vent, de Mircea Cantor. Dès l’entrée, on était surpris par l’association de l’orgue de barbarie, de Massimo Bartolini, avec les paysages venteux et traditionnels d’Auguste Vidal qui l’entourent. Toutefois, c’est à l’étage que l’on trouve l’installation qui, à elle seule, justifie le déplacement, les seize Fountains de Zilvanas Kempinas, des bandes magnétiques agitées par ventilateurs et donnant l’illusion d’une eau courante. Sous le regard de Lawrence Weiner et de l’un de ses concepts muraux (Written on the wind). Au sous-sol, où Chantal Akerman met le festival sous pause, nous attend une incroyable vidéo de Francis Alys en quête de tornades au sein desquelles il se met en danger, et nous fait partager une expérience effroyablement mouvementée. Un vrai conte d’Edgar Poe. Un documentaire enrichi d’effets spéciaux nous fait assister aux effets du vent sur la scène du Palais des Papes lors du festival estival, avant que nous ne tremblions, avec les femmes ou fiancées de pêcheurs, en regardant le film de Jean Epstein, Le « tempestaïre ». L’expo se clôt sur une toile ancienne de Joseph Vernet : Il faut ajouter le drapeau de Martin Creed, côté jardin, et qui ne manque pas d’AIR. Ou l’œuvre sonore de Julie Rousse, côté cour. Terminons par ce voile blanc filmé par Perrine Lacroix et qui rend hommage à l’une des dernières victimes du Mur de Berlin. Chacune de ces œuvres respecte le thème du plus fort et du plus magistral de la bande à Eole, en un mot le MISTRAL. Cette expo devrait se prolonger jusqu’à l’automne tandis que rouvrira, Hôtel de Caumont, la riche collection d’œuvres minimales et conceptuelles, de photographies plasticiennes, de peintres figuratifs des années 80 et de bien d’autres choses encore (Twombly, Boltanski, Gordon..) laissées en dépôt par Yvon Lambert. BTN

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