En notre époque de guerres et de déstructurations massives du champ culturel et social, les Musées ont le vent en poupe. Ils surgissent de partout comme de grands champignons, jouant avec l’eau, le désert, la nature. Ou fonctionnant en osmose avec l’espace urbain. – Dib Bangkok et la Fondation Cartier pour l’art contemporain sont directement insérés dans l’espace urbain de deux Capitales.
Nous avons là – à Bangkok et à Paris – DEUX MUSÉES très différents. Il s’agit certes, dans les deux cas de « collections » privées, et de la mise en œuvre de visions architecturales puissantes, mais ces dernières sont quasiment aux antipodes l’une de l’autre.
DIB Bangkok. – Largement axé sur l’international, le Musée ouvrira ce 21 décembre 2025 dans la capitale thaïlandaise. L’exposition inaugurale – INVISIBLE PRESENCE – réunira des œuvres d’artistes thaïlandais (Apichatpong, Weerasethakul,, etc.) et d’artistes de la COLLECTION, très internationale, du musicien et philanthrope Petch Osathanugrah, aujourd’hui décédé. L’ensemble ayant étant repris par son fils Purath Chang Osathanugrah. On y trouve des artistes comme Picasso, Rebecca Horn, Anselm Kiefer, Lee Bull, etc…
Épuré, minimaliste, le bâtiment conçu par Kulapat Yantrasast (architecte et designer thaïlandais bien connu et à la carrière internationale : WHY Architecture) s’inscrit dans une tradition moderniste et zen. L’espace, la lumière, le ciel, le vide et l’harmonie sont les maîtres mots d’une démarche qui réunit les influences entrecroisées du bouddhisme zen et de l’esthétique industrielle.
Une cour centrale de 1400 m2 ouvre sur le ciel, l’eau et la lumière ; elle se prolonge sur trois étages de galeries, offrant 7000 m2 d’espaces d’expositions, imperturbablement blanches et ouvertes sur la lumière. Une chapelle et un jardin de sculptures complètent l’ensemble.
Forgé de béton et de vide, d’eau, de lumière et de reflets, l’architecture appelle ici à une harmonie des simples et des contraires. La référence est musicale, légère. Pianissimo. On ne compte plus les élisions et mises entre parenthèses de la matière, de toute « forme de matière ».
Les œuvres d’art seront confrontées à une sorte d’écrin situé aux limites de l’épure. Et qui renforcera – de fait – les lignes de force de l’ouvrage en question. Qu’il s’agisse de Damien Hirst, de Picasso, Rebecca Horn, Lee Bull ou des artistes thaïlandais que promeut la Collection.
La toute nouvelle FONDATION CARTIER POUR L’ART CONTEMPORAIN
Piloté par Jean Nouvel (qui fut déjà l’auteur de la célèbre et sublime Fondation Cartier de Montparnasse), ce Musée est tout autre. Les plateaux mobiles et décalés, ainsi que la géométrie initiale du bâtiment – un grand magasin du 19e siècle – conduisent à un enchevêtrement des plans et des volumes, lesquels promettent de vertigineuses utopies spatiales, « à la Orson Welles ». Oculi et fenêtres se déploient partout. Mouvants. Changeants. Le regard passe et glisse d’une œuvre à une autre, d’un plan (et d’un étage) à une autre surface. Jean Nouvel extrapole ainsi le champ des possibles.
La donne va être terriblement excitante pour les artistes et commissaires d’exposition qui auront à brasser, matcher, inventer de nouvelles correspondances entre les œuvres et les arts. Foncièrement « théâtral », l’ensemble renvoie à une infinité de scénographies. Le commissariat d’exposition devient un champ immensément ouvert. Appuyé certes sur des contraintes, celles de la gigantesque, puissante et néanmoins précise machinerie inventée pour l’occasion par Jean Nouvel. Il subsiste, dans les avatars de ce regard plongeant, quelque chose du mouvement de l’escalier (ou de l’escalator contemporain) du « Grand Magasin » que fut autrefois ce Bâtiment du Palais Royal.
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