Jacinto LAGEIRA

Jacinto Lageira est professeur en philosophie de l’art et en esthétique à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et mène, parallèlement à ses recherches, une importante activité de critique d’art depuis la fin des années 1980.

Il est de ceux que les pratiques artistiques contemporaines – celles notamment de Michael Snow, Jean-Marc Bustamante, Andreas Gursky, Ger van Elk ou Gary Hill – ne cessent d’interroger. Que ces œuvres soient envisagées sous l’angle des théories du langage (L’image du monde dans le corps du texte, tomes I et II, Bruxelles, La Lettre volée, 2003) ou des dernières avancées des sciences cognitives en lien avec la phénoménologie (Regard oblique : essais sur la perception, Bruxelles, La Lettre volée : 2013), que les médiums étudiés soient aussi divers que la peinture, la photographie, la vidéo ou l’installation, un indéfectible lien les rattache au corps, au langage, aux sens, en fait à l’humain, sujet somme toute principal de la réflexion philosophique et esthétique de cet auteur.

C’est là qu’entre en compte la forte dimension éthique de sa pensée. Celle-ci est particulièrement manifeste dans La Déréalisation du monde : réalité et fiction en conflit (Jacqueline Chambon, Arles, Actes Sud, 2010) où Jacinto Lageira se montre perplexe face aux esthétisations abusives de la réalité, surtout lorsque la représentation de la douleur des autres est en cause, ce en quoi il rejoint Susan Sontag. Il y voit le symptôme d’un déni de la réalité renforçant la sinistre formule, comme le firent les déclarations de Karlheinz Stockhausen à propos des événements du 11-Septembre : Fiat ars, pereat mundus [« Que l’art soit, même si le monde doit périr »]. Refusant le moralisme esthétique et les esthétiques moralisantes, Jacinto Lageira en appelle plutôt à une redéfinition des notions de réalité et de fiction, ou de fiction, d’esthétique et d’histoire, dont on trouve des développements dans L’Art comme Histoire (Paris, Mimésis, 2016), ou encore explore les conflits entre l’art, l’esthétique et l’économie politique dans L’art du don. Éléments d’esthétique économico-politique (Paris, Mimésis, 2021).

A observer l’étendue des travaux réalisés et la diversité des savoirs traversant sa pensée théorique, à constater l’éclectisme des pratiques artistiques soumises à son attention critique, à comprendre enfin combien sa grande érudition le prédispose au dialogue, nous pourrions aisément le croire. L’intitulé de son essai Miscellanées esthétiques : psychanalyse, sémiotique, phénoménologie : de quelques influences sur les théories des arts plastiques, révélait déjà une signature intellectuelle placée sous le signe de ces mélanges savants qu’il affectionne toujours, fondement de son ouvrage L’Esthétique traversée : psychanalyse, sémiotique et phénoménologie à l’œuvre (Bruxelles, La Lettre volée, 2007). Mais que l’on ne s’y trompe pas, ces miscellanées, loin de donner lieu à de simples généralisations, forment au contraire de complexes configurations épistémologiques. Ses études de philosophie, puis l’enseignement de Rainer Rochlitz ont d’ailleurs durablement transformé les approches de l’esthétique, de la critique et de l’histoire de l’art.

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