Nicolas Daubenes, Musée de Céret

Nicolas Daubanes, Musée de Céret, 66400
Notre région a le privilège de voir émerger, de temps à autre, des artistes de premier plan. Nicolas Daubanes en fait partie ainsi que le prouvent ces interventions dans de glorieux lieux parisiens ou sa résidence en la prestigieuse villa Médicis. Des lieux audacieux leur permettent de mieux se faire connaître aussi auprès d’un public qui aurait dû leur être acquis pour peu que d’aucuns soient sensibles au statut d’enfant du pays. Car Nicolas Daubanes vit et travaille à Perpignan. Le Musée de Céret présente quelques fleurons de son œuvre passée, La Prison de Lyon, la Tour de Babel, Cyprès hill, les spectateurs de Piranèse, réalisés à la poudre ou limaille de fer aimanté et renvoyant à la fois à un univers carcéral qui le fascine, à l’Histoire de l’art (notamment Bocklin ou Brueghel) qui le conforte et à une manière tout à fait originale d’aborder le dessin noir et blanc. Ses œuvres récentes intègrent le verre et des projections d’étincelles incandescentes réalisées à la meuleuse, et convoquent La villa Médicis en feu ou un référent historique, A la faveur de la nuit, qui ressuscite la forêt du Vercors, témoin de tant d’atrocités pendant la guerre La main en visière, sollicite des expériences réalisées sur surface photosensibles et que l’on nomme Photogrammes. Ainsi de La Serlienne de loggia Balthus, inspirée de Velasquez. La poudre de fer est un peu le point de départ des projets de Daubanes car elle renvoie aux barreaux sciés des prisons, rêve tenace de tous les incarcérés. Or nous sommes tous prisonniers, de l’école, du travail, de l’espace domestique etc. Même le peintre est enfermé dans un espace, et un tableau n’est que la concrétisation métaphorique de cet espace fermé, que justement l’artiste parvient à ouvrir. Dans une image de Daubanes, le dessin en suspension, identifiable en cœur de motif, se dissout vers le bas mais aussi vers le haut. La chute va de pair avec l’ascension. Toute construction prend le risque de la ruine mais celle-ci peut être restaurée voire immortalisée. C’est le rôle d’une œuvre d’art. Une colonne peut se voir démolie mais une autre la remplace. Un polyptyque monumental est attendu au musée ? Daubanes y convoque Courbet, la Commune et la Colonne Vendôme. Divisé en cinq panneaux, toujours à la limaille de fer, il se lit horizontalement, telle une colonne abattu et sollicite les hordes guerrières d’inspiration grecque. A Céret, on pourra voir aussi un tableau en béton où poussent des fleurs de sucre comme pour adoucir notre environnement. Le sucre est un élément de Sabotage. Il minait le béton durant la guerre. Il peut miner aussi tout ce qui nous retient prisonniers. L’œuvre de Daubanes est sans doute austère. Elle peut paraître sombre. Elle est surtout soucieuse de nous aider à échapper à toute coercition. A nous sentir un peu moins enfermés. A nous sentir plus libres. En ce sens, elle rejoint les aspirations de Picasso, si présent au Musée de Céret. BTN
Jusqu’au 22-02

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