Gabriel Abrantes, Constantin Nische, Collection Lambert

Gabriel Abrantes, Constantin Nitsche, Collection Lambert
Encore une expo qui joue sur les contrastes entre deux artistes aux moyens et enjeux différents. Elle se déroule Collection Lambert (Avignon), au rez-de-chaussée de l’aile Montfaucon. Le portugais Gabriel Abrantes y déploie ses vidéos sur support verticaux, souvent inclinés, parfois placés en milieu de salle, et donnant la parole à des fantômes (Bardo loops) qui se chicanent, à l’instar des conflits pléthoriques générés par les réseaux sociaux. Nous sommes dans un univers post apocalyptique marqué par les inondations et les incendies. L’image est d’une impeccabilité froide et l’IA est sollicitée. Le chant désespéré d’un spectre est pourtant des plus émouvants. Il incarne sans doute, autant que la fin de l’homme, les derniers soubresauts de l’art. Certaines (vidéos) sont sur écran classique dont l’une dédié à Princesse X (en fait Marie Bonaparte) et à son créateur, le sculpteur Brancusi. Une autre imagine une querelle domestique entre un robot au féminin et un jouet d’enfant. L’image mouvante sonore domine. Toutefois, Abrantes n’est pas seulement réalisateur mais aussi plasticien. Nous pouvons ainsi parcourir ses dessins marqués par la rencontre improbable de fantômes et de rats aux oreilles de Mickey. Une salle entière est réservée à une série de tableaux étranges, sur le même motif du spectre sans contenu, qui semble l’incarnation si l’on peut dire de la future condition humaine mais réduite au silence. Cette peinture glacée crée un sentiment d’étrangeté qui se sait inquiétante même si l’Histoire de l’art nous fournit quelques repères.
Au sous-sol, la peinture de l’allemand Constantin Nitsche revient au contraire vers un univers plus rassurant car domestique, hanté de proches et d’objets quotidiens, dans des formats toujours adaptés au motif : plutôt grand pour les paysages, modestes pour les portraits en gros plan ou les natures mortes. Le thème matissien de la fenêtre, et du redoublement du cadre, est récurrent. Nous sommes plongés dans un théâtre construit avec rigueur où se mêlent figure et abstraction telle que le réel nous en offre à foison dans les motifs décoratifs, le grand monochrome du ciel ou de la terre, les détails d’un mur ou d’une cloison, d’un sol etc. Les couleurs sont chaudes ou sourdes mais n’hésitent pas à plonger dans les abysses de l’obscur profond afin de changer de dimension et de nous faire accéder au mystère, lequel s’accommode paradoxalement du quotidien. L’effet de contrejour ou d’isolement d’un personnage y concourt. C’est superbe et c’est jusqu’au 20-03 pour Abrantes, au 25-01 pour Nitsche.

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