Barbara Schroeder, Château de Taurines, Centres, Aveyron 12

Barbara Schroeder, A l’orée des champs, Château de Taurines, Centrès, 12065

40 ans que, sous l’impulsion originelle de l’artiste montpelliérain Claude Clarbous, la ruralité et l’art contemporain célèbrent des noces inattendues au château de Taurines en Ségala. Peut-être l’artiste invitée cette année, allemande d’origine, bordelaise d’adoption et campagnarde de cœur, Barbara Schroeder, y a-t-elle songé en installant son fameux banquet. Il s’agit en effet d’innombrables objets du passé, cédés par des autochtones, et métamorphosés grâce à un traitement inattendu à la bouse de vaches, aux vertus curatives ancestrales. L’artiste leur adjoint malicieusement, ou tendrement c’est selon, un gâteau de noces qui attend son heure. Ils ne sont plus objets de rebuts mais pénètrent dans une autre sphère, des plantes et lichens signifiant l’espoir tandis que la bouse accède à un statut inespéré. Elle célèbre l’osmose entre les activités humaines et la nature, entérinée par l’élevage. Or, l’univers de Barbra Schroeder, totalement immergée dans le rapport à la terre (elle peint d’ailleurs à même le sol), ne se limite pas à la rédemption des objets sacrifiés à la loi du temps et de la consommation. Des bustes de paysannes, en porcelaine blanche, rendent hommage à ces travailleuses de l’ombre en les associant à des feuilles de choux. Un clin d’œil est d’ailleurs fait aux Glaneuses, de Millet. A Taurines, l’artiste a envisagé d’ériger ses sculptures comme émergeant d’un ballot de foin. Les femmes sont interrogées sur leur condition de vie dans une vidéo documentaire. Car l’artiste a plusieurs cordes à son art. Elle est avant tout peintre et multiplie les représentations de plantes, de celles qui poussent au ras du sol ou sur l’écorce des arbres : les champignons, les loupes, les lichens dont la fascine la complexité difforme, la capacité à établir des réseaux, l’aspect curatif parfois dès lors qu’il s’agit de guérir des blessures. Et sans doute aussi la résistance et l’incroyable capacité de prolifération. Elle recourt volontiers à l’installation : ces impressions photographiques sur plexiglas, censées montrer la similitude entre les comportements humains et les réactions de certains champignons, sous le contrôle des scientifiques. Certains légumes souterrains sont également anoblis par cette amoureuse de la terre, qu’il s’agisse de pommes de terre, capable d’éviter des famines, ou parfois présentées en chapelets suspendus, des carottes en céramique ou des choux en saillie sur un mur. Le parcours est riche et cohérent puisqu’il s’agit, dans l’esprit de l’artiste, de rendre hommage au monde rural, aux paysans comme aux paysannes par un moyen qui ne leur est pas habituel, qui plus est dans un château voué en d’autres temps, médiévaux, à des habitations nobiliaires. Juste retour des choses. Tout un symbole. Mais aussi de préserver un mode de vie qui maintient un équilibre entre humain et nature. Qu’il s’agit aussi de protéger. Des sortes de tours à graines préservées sont là pour nous le rappeler. Cela se passe dans un petit village de l’Aveyron, à L’Orée des champs. BTN

Jusqu’au 21-09

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